Le documentaire de Nicola Zambelli, « Sarura : L’Avenir est un Lieu Inconnu », projeté dans le cadre du Festival International du Film Méditerranéen de Annaba, offre un récit poignant de la résistance non-violente des villageois palestiniens d’Al-Tuwani face à l’occupation israélienne. Le film met efficacement en lumière les luttes et la résilience de cette communauté de bergers, en particulier des jeunes, face aux harcèlements constants, à la violence et aux restrictions.
Sorti en 2022, « Sarura » explique pour ceux qui ne comprennent pas encore le sens du mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) que boycotter les entreprises qui s’installent dans les colonies implantées illégalement dans les territoires occupés depuis 1967, ne peut être considéré que comme un acte de résistance pour épauler ceux qui le font pacifiquement de l’intérieur des terres spoliées.
Le film utilise un mélange d’images d’archives, d’interviews et d’observations contemporaines pour créer un récit riche et engageant. Zambelli capture efficacement les histoires personnelles des villageois, permettant aux spectateurs de se connecter à leurs expériences et de comprendre leurs motivations. Il met en lumière la résistance pacifique de ces villageois qui ont choisi la voie de la non-violence, revisitant ce sujet dix ans après son premier documentaire sur la lutte pacifique en Cisjordanie. Il emmène le spectateur jusqu’à Al-Tuwani pour découvrir ce qu’il est advenu des enfants qu’il avait filmés entre 2009 et 2010.
Le film souligne l’importance de la culture de la résistance non-violente comme moyen de lutter contre l’oppression. Il met en avant le courage et la détermination des villageois qui, malgré des difficultés écrasantes, continuent à défendre leurs droits pacifiquement.
Les images capturées par ces jeunes, devenus aujourd’hui des étudiants, sont intégrées dans le nouveau documentaire. Des images datant de plus de 12 ans montrent ces jeunes bergers d’Al-Tuwani et leur camp de résistance Somoud dans la grotte baptisée Al Sarura. Ils racontent que des combats similaires des villages de Mofkara et d’Al Tawaba, menés loin des caméras, se sont soldés par la destruction des habitations et la confiscation des terres.
Les jeunes de ce camp Somoud, épaulés par des ONG internationales, sont un rempart pour leurs familles et les plus jeunes du village contre la voracité des colons qui occupent illégalement des terres. Des terres qui ne leur appartiennent pas, même au regard du droit international. Ces colons arrachent les oliviers et brûlent le fourrage du bétail pour pousser les bergers à abandonner ces terres et à se replier ailleurs, mais les jeunes de Sarura restent fermes.
Comme on l’avait fait avec eux quand ils étaient enfants, les jeunes du camp Somoud accompagnent les enfants vers l’école le long des barbelés qui les séparent de la colonie surplombant leur village. Ces trajets sont tout un symbole d’un peuple auquel l’occupant refuse tout, de l’électricité à l’éducation et jusqu’à l’usage de la langue maternelle.
Sous les feux des projecteurs, les jeunes filles et garçons d’Al-Tuwani font face aux agressions des colons qui viennent les défier sous la protection de l’armée israélienne. Ils se défendent contre les armes à feu avec leurs caméras, une posture de plus en plus difficile à tenir car leurs smartphones, leurs seuls outils d’archivage de cette vie pénible, font d’eux des cibles idéales pour les colons-snipers et les militaires israéliens.
Ces derniers, feignant une pseudo-neutralité pour s’interposer entre les occupants et les occupés, finissent par être exaspérés par ces jeunes qui ne parlent qu’en arabe ou en anglais. Ils veulent leur imposer de parler hébreu, chose que les jeunes de Somoud refusent catégoriquement. Pour eux, l’identité passe aussi par la langue ! Céder sur ce point, c’est se préparer à céder sur quelque chose de plus important.
Nicolas Zambelli, resté en contact avec les jeunes résistants depuis qu’il les a rencontrés en 2009-2010, décrit une situation qui s’est fortement dégradée depuis le 07 octobre dernier. Les colons sont plus agressifs et les militaires israéliens ne font plus semblant de faire l’arbitre entre les deux parties. Les Palestiniens de Cisjordanie souffrent en silence, étant également soumis à un blocus total. Comme dans une souricière, ils ne peuvent même plus entrer ou sortir de leurs villes et villages. Le documentaire de Nicolas Zambelli est un témoignage poignant de la résistance de villageois face à une entreprise coloniale d’une extrême violence qu’il faut absolument voir.
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