A Sétif, la comédienne jordanienne Abeer Issa regrette la domination de « l’insignifiance » dans les arts

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A Sétif, la comédienne jordanienne Abeer Issa regrette la domination de "l'insignifiance" dans les arts
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Les premières Journées du théâtre arabe ont débuté, samedi 18 février, à Sétif avec la participation de six pièces.  
La manifestation, organisée par l’association Fel El Ibdaa en coordination avec l’APC de Sétif, rassemble des troupes venues de Tunisie, d’Egypte, de Libye, d’Algérie et du Sahara occidental. Farouk Redouana, président de l’association et directeur des journées, a souhaité que Sétif devienne « une capitale de la culture arabe » et « un pôle d’activités artistiques et culturelles ». La ville, qui est bien dotée en infrastructures hôtelières et culturelles, souffre depuis des années de manque d’activités culturelles. Nommé dernièrement à la tête de la direction de la culture, Hachemi Ameur promet de relancer la machine.


Le spectacle chrorégraphique « Nahwa ennour » (vers la lumière) de Riad Beroual a été présenté lors de la cérémonie d’ouverture.  Ce spectacle est inspiré d’une pièce produite en 1958 par la troupe artistique du FLN durant la guerre de libération nationale. Il a été déjà présenté lors du 15ème Festival national du théâtre professionnel d’Alger (FNTP) en décembre 2022.


Le public algérien n’a pas oublié Chachabouna !

Le jury des premières Journées du théâtre arabe  est composé des comédiennes jordanienne Abeer Issa, libyenne Khadoudja Sabri et algérienne Dalila Nouar ainsi que des metteurs en scène tunisien Fawzi Ben Brahim et algérien Djamel Guermi.
Abeer Issa, Khadoudja Sabri, Dalila Nouar ont animé une conférence de presse à la Maison de la culture de Sétif, accompagnée de l’actrice tunisienne Kaouther Belhaj et du représentant de la ligue culturelle palestinienne Abdelnasser Alassoud.  


Abeer Issa, qui a à son actif plus de 120 feuilletons et dramas télévisés, s’est dite ravie de découvrir que le public algérien se rappelle toujours de ses premiers rôles à la télévision comme Chachabouna ou Chems ennahar qui ont fait sa célébrité au début des années 1980.
« Il fut un temps où la famille se rassemblait pour voir un feuilleton à la télévision. Aujourd’hui, les réseaux sociaux ont tout changé. Ces réseaux oeuvrent à nous séparer en tant qu’arabes. Tant que des gens restent attachés à leurs patries, il y a de l’espoir. On peut se relever de nouveau en tant qu’artistes et faire ce que nous faisions auparavant », a-t-elle dit.


Et d’ajouter : »Actuellement, il existe des agendas pour répandre l’insignifiance et la débilité dans la région arabe. Cela est présent autant dans le théâtre que dans les dramas ou le cinéma. Ni l’art ni la télévision ne nous rassemblent en tant qu’arabes comme par le passé », a-t-elle relevé.


Baisse de la production artistique dans les pays arabes

Elle a regretté la baisse de la production artistique dans les pays arabes. « Cela est constaté notamment en Egypte et en Jordanie. Les réseaux sociaux ont contribué à la baisse de la production. De nos jours, n’importe qui peut diffuser sur ses comptes amplifiés par ces réseaux. Une diffusion partagée aussi sur les plateformes numériques comme Shahed ou Netflix. L’attente du spectateur pour voir des feuilletons à la télévision a beaucoup reculé », a souligné Abeer Issa.  


Selon elle, il n’existe pas de crise de création dans la région arabe. « Beaucoup de jeunes créateurs dans notre région attendent de véritables opportunités. L’esprit commercial domine aussi quelque part. Il y a une orientation vers des travaux artistiques, notamment les dramas, qui ne nous représentent pas et qui ne représentent pas nos traditions. C’est dangereux. Si nous ne faisons pas attention, le prix à payer sera très fort », a-t-elle averti.


Elle a estimé que l’art reste un moyen de résistance et « aide à éduquer des générations ».
Le monde arabe, selon la dramaturge et poète égyptienne Safaa El Bily, présente aussi à Sétif, regorge de grandes capacités d’écriture dans les domaines du théâtre et du cinéma. « Il faut juste redonner son prestige au théâtre. Un théâtre sérieux qui s’éloigne des spectacles commerciaux qui sont produits pour être présentés dans des endroits précis contre quelques dollars », a-t-elle plaidé.  
Abeer Issa a estimé qu’elle ne monte sur scène que si le texte choisi a du fond. « Il ne s’agit pas de faire plus dans le théâtre mais d’aller vers la qualité. Je peux travailler pendant une année sur un rôle si le spectacle le mérite. Face au public sur scène, je suis responsable de ce que je fais », a-t-il dit. 

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