Le comédien algérien Sid Ahmed Agoumi, 83 ans, a été honoré, vendredi 22 décembre, lors de la cérémonie d’ouverture du 16ème Festival national du théâtre professionnel d’Alger (FNTP), au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (TNA).
Fortement applaudi par le public, venu en nombre au TNA, Sid Ahmed Agoumi, sur la scène artistique depuis plus de 60 ans, a longuement salué le public, les larmes aux yeux. « Cet hommage est un grand honneur pour moi. Je remercie le public pour son son aide et son soutien durant tout mon parcours depuis l’indépendance de l’Algérie à ce jour. Je dois tout au public. Sans le public, je ne suis rien. On ne vit que par le public et c’est le public qui vous fait vivre. Je ne cesserai jamais de lui rendre un hommage. J’ai maintenu le contact avec le public sans discontinuer », a déclaré à la presse Sid Ahmed Agoumi, après la cérémonie d’ouverture.
Une cérémonie marquée par la présentation d’un spectacle chorégraphique, « Fada’a enoujoum » (l’espace des étoiles) de Riad Beroual, d’après un texte de Soumiya Bounab et une scénographie de Zine El Abidine Khettab. Sid Ahmed Agoumi est donc monté sur scène, accompagné de la ministre de la Culture et des Arts Soraya Mouloudji, et du ministre des Moudjahidine Laid Rebiga ainsi que du conseiller du président de la République Mohamed Seghir Saadaoui.
« Le plus important pour les artistes est d’avoir de la culture. Il faut être sérieux au travail et avoir de la modestie », a-t-il dit. « L’éternel jeune premier » écrira-t-il un jour ses mémoires ? « J’ai joué les auteurs car je suis amoureux du texte. Pour moi, le texte est fondamental. Quand je pense à me mettre à l’écriture, je me dis que je ne serai jamais à la hauteur de ces auteurs. Donc, inutile d’écrire. Quand on joue les auteurs, on les admire. Cela m’oblige à être humble. J’ai tellement joué de pièces écrites par des auteurs dont je ne pourrai pas être à leur niveau. Je lève ma plume pour dire : « ne te fatigue pas « ! « , a-t-répondu.
« On ne joue jamais la même pièce de la même façon »
Sid Ahmed Agoumi a confié préférer le théâtre au cinéma et à la télévision. « Parce qu’ au théâtre, le comédien est face au public. Ce public vous impose la manière de jouer sur scène et de marquer votre présence. On ne joue jamais la même pièce de la même façon. Le public vous donne l’élan nécessaire. Si la pièce reste la même, le public change d’une représentation à une autre. Le public n’est pas unique. Chaque public a ses propres spécificités et ses qualités. Il peut même renouveler la qualité de l’interprétation sur scène », a expliqué l’ancien directeur du TNA.
Il a rappelé avoir joué plus d’une centaine de fois la pièce « Le cadavre encerclé » de Kateb Yacine. « Je n’ai jamais joué cette pièce de la même manière parce que tout change pour moi lorsque le public change (…) J’ai une pensée à Kateb Yacine. C’est grâce à son texte que je me suis fait au théâtre. Son texte est tellement fort et puissant que c’est lui qui me possède. Kateb Yacine était un grand homme de théâtre », a confié celui qui ajoué pour d’autres auteurs algériens tels que Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri et Mohammed Dib.
Interrogé s’il avait la volonté de remonter sur scène, Sid Ahmed Agoumi a soutenu qu’il est aujourd’hui trop âgé pour jouer au théâtre. Vraiment ? « Si c’est une bonne pièce, je remonte sur scène. Aujourd’hui, les bonnes pièces de théâtre sont rares. Il faut répondre à beaucoup de critères pour faire une bonne pièce, le texte, le tenant, la forme, le dialogue, le sujet. Les textes ont des qualités différentes. Chaque auteur a son style, sa manière de dire, sa sensibilité. Au comédien de découvrir les non-dits, les sens, les choses à mettre en valeur et en exergue pour que le spectateur soit assujetti au texte. Aujourd’hui, malheureusement, on n’écrit de moins en moins bien pour le théâtre. Cela est lié à l’éducation, à l’école, à la lecture…L’enseignement est facteur dans le renouvellement de l’intelligence de l’élève », a-t-il analysé.