Sid Ahmed Agoumi regrette l’interdiction de certains de ses films en Algérie

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Le comédien Sid Ahmed Agoumi évoque pour la première fois la non projection de plusieurs de ses films en Algérie.
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Le comédien Sid Ahmed Agoumi évoque pour la première fois la non projection de plusieurs de ses films en Algérie.
Sid Ahmed Agoumi, Ahmed Meziane de son vrai nom, 81 ans,  a déclaré, ce week-end, que sa famille algéroise « conservatrice » était opposée à son choix de devenir comédien.

« Je jouais sans que mon père le sache. A la radio, j’ai moi même choisi le pseudonyme d’Agoumi, qui signifie cavalier solitaire en tamazight, pour que le nom de la famille ne soit prononcé à l’antenne. Mes débuts étaient à la radio et au théâtre. Mon père a découvert que j’étais comédien en regardant une pièce de théâtre à la télévision. Il ne m’a pas adressé la parole pendant vingt ans mais nous nous sommes réconciliés après », a-t-il confié à la nouvelle émission » Guest Vip », diffusée par Echourouk news.   

Son père, gros commerçant au marché de la Lyre à Alger, voulait qu’il soit médecin, avocat ou ambassadeur.
« Enfant, je n’avais pas le temps de jouer. Le matin et le soir, j’étudiais l’arabe et le coran chez les ibadites et, durant la journée j’étais à l’école française. Dans mon quartier (Bologhine), on m’appelait l’étudiant, car je portais toujours un cartable. Après la grève des étudiants en 1957, j’ai poursuivi mes études à l’école d’Ibn Badis à Constantine, après je me suis consacré à l’art », a-t-il dit.


Mustapha Kazdarli, Kateb Yacine, Mustapha Kateb et les autres

Au théâtre, Sid Ahmed Agoumi jouait les rôles en français. « J’avais la stature d’un jeune premier. J’ai rejoint la troupe de Mustapha Kazdarli. J’ai interprété des rôles d’après les textes de tous les auteurs algériens dont Feraoun, Mammeri, Kateb Yacine, Mohammed Dib…Il ne suffisait pas de dire le texte théâtral, il fallait tout savoir sur les auteurs pour bien jouer le rôle et bien comprendre le personnage. C’était une manière de se cultiver aussi », a détaillé Sid Ahmed Agoumi.


Il s’est souvenu avoir jouer plus cent fois dans la pièce « Le cadavre encerclé » de Kateb Yacine. Le récit déstructuré, comme dans le roman « Nedjma », rendait, selon lui, le style de Kateb Yacine, difficile d’accès. « J’ai souffert avant de comprendre ses textes. Kateb Yacine voulait avoir un lecteur agissant, pas un lecteur passif », a-t-il noté.  Il a évoqué sa rencontre avec Mustapha Kateb qui lui a appris « l’intelligence du texte ».


« Il m’a expliqué comment approcher un rôle, comment le construire et comment trouver la structure mentale et psychologique du personnage. Allal El Mouhib m’a, lui, appris le mouvement et la maîtrise du corps et son déplacement sur scène. Je suis fier que ma formation d’acteur ait été faite en Algérie », a-t-il déclaré.


Une longue carrière professionnelle en France

Il est revenu sur sa carrière professionnelle en France, à partir du début des années 1990. Il a joué dans une vingtaine de pièces de théâtre. « Des metteurs en scène m’ont contacté après m’avoir vu dans la pièce « Les généreux » (une traduction de la pièce d’Abdelkader Alloula, « Lejouad) au festival d’Avignon », s’est-il souvenu.


Il s’est également rappelé de sa désignation par Ahmed Taleb Ibrahimi, alors ministre de l’Information et la Culture, comme directeur des Théâtres de Constantine et d’Annaba en 1977. Il a été ensuite désigné à la tête de la Maison de la culture de Tizi Ouzou. « J’y suis resté pendant dix ans. C’était une bonne expérience », a-t-il dit.


Dans le rôle de Saïd Mekbel

Il a regretté que certains de ses films n’aient pas été projetés en Algérie. Il a cité son premier long métrage en tant qu’acteur « Makbarat al amirat » (« Le cimetière des princesses »), produit 1961, et racontant l’histoire de deux soeurs, amoureuses du même homme, d’après une légende de la Casbah d’Alger (connue surtout à la rue Nfissa). Il a également parlé du film « Les diseurs de vérité » de Karim Traïdia, réalisé en 2000.


Dans ce film, Sid Ahmed a interprété le rôle du journaliste et chroniqueur Saïd Mekbel, assassiné le 3 décembre 1994, à Alger (il était célèbre par son billet « Mesmar djeha » publié par le quotidien Le Matin).  « Je ne sais pas pourquoi ces films n’ont pas été montrés au public algérien. je me pose toujours des questions. C’est incompréhensible. Pour moi, la priorité doit être donnée au public algérien. Je pourrai être un has been, mais je suis toujours dans le domaine artistique grâce à ce public. Je ne l’ai jamais déçu et il ne m’a jamais déçu », a-t-il souligné.


Sid Ahmed Agoumi a été distribué dans une trentaine de longs métrages dont « Z » de Costa Gavras, qui a obtenu l’Oscar du meilleur film étranger en 1969, « Les hors la loi » de Tewfik Fares, « Moissons d’acier » de Ghaouti Bendedouche, « Le Moulin de M.Fabres » d’Ahmed Rachedi, « Layla, ma raison » du tunisien Tayeb Louhichi, « Il était une fois dans l’oued » de Djamel Bensalah, « Morituri » de Okacha Touita et « Les invincibles » du français Frédéric Berthe.


« Dans la rue, les gens m’appellent Quindil »

Sid Ahmed Agoumi, 81 ans, est présent ce Ramadhan 2021 dans le feuilleton « Achour El Acher 3 » dans le rôle de Qindil, ministre du roi. Il campe également le personnage de Omar, un chef mafieux, dans  « Yema 2 ».  « Achour El Acher 3 » est diffusé par l’ENTV et « Yema 2 » par El Djazairia One.


« Dans la rue, les gens m’appellent Quindil surtout les enfants. Le regard d’un enfant est d’une pureté et d’un amour extraordinaires. Je me demande pourquoi ils ont aimé ce personnage alors qu’il est maléfique et est un homme de complots », a souligné Sid Ahmed Agoumi en parlant du feuilleton Achour El Acher, réalisé par Djaffar Gacem.

Mais, pourquoi interprète-t-il le rôle du méchant ? « Un vrai comédien doit interpréter le contraire de ce qu’il est, car cela lui demande beaucoup de travail. Il n’y pas plus tendre et gentil que moi », a-t-il répondu. 

Le secret de la réussite d’un comédien est lié, selon lui, à la sobriété, la rigueur, l’intelligence et la sensibilité. « Je veux joindre l’élégance à la modestie. Mon père m’avait donné un conseil en me disant : « le public t’aime, mais la distance entre un sifflement et un applaudissement est courte », a-t-il confié.


Selon lui, le scénario du feuilleton « Yema 2 », réalisé par le tunisien Madih Belaïd et produit par Amar Bahloul est bien structuré, bien écrit. « Cela aide beaucoup le comédien qui sait exactement ce qu’il doit faire », a-t-il noté. Les comédiens, au théâtre, au cinéma ou à la télévision, doivent, selon lui, être à la hauteur de l’intelligence du public, pas le contraire.   

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