Le Premier ministre Abdelaziz Djerad a annoncé une revalorisation du salaire national minimum garanti (SNMG) pour « améliorer le pouvoir d’achat des Algériens ». Lors de la présentation du Plan d’Action de son gouvernement à l’APN, il a également fait part de la révision de la politique salariale.
A en croire ses déclarations, cette révision consiste, entre autres, à adapter un impôt selon les différentes tranches de revenus promettant une « équité sociale ».
Le Premier ministre a aussi annoncé que les « revenus mensuels inférieurs à 30.000 DA seront exonérés d’impôts ».
Le gouvernement s’engage aussi, à se référer à son Plan d’Action, à améliorer le pouvoir d’achat des Algériens à travers la révision de la politique salariale. « Le gouvernement s’engagera, à travers les mécanismes de concertation avec les différents acteurs et partenaires sociaux et, notamment, la tenue de rencontres tripartites, à la détermination d’un nouveau Salaire national minimum garanti (SNMG)) permettant l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens et élaborera les textes nécessaires », souligne le plan d’action, présenté par le PM ce mardi 11 février 2019.
Le Premier ministre a par ailleurs déclaré que son « gouvernement travaillera à réduire le taux de chômage sous la barre des 10% ». Il s’agit, selon le même Plan d’action, « d’un des principaux objectifs de développement économique ».
« Une gestion catastrophique »
Sur le volet social, le Plan d’action prévoir « l’éradication des bidons-villes et la crise du logement avec la livraison d’un million de logements de différentes formules ». Le PM a promis de « multiplier les efforts pour achever les projets en cours de réalisation et les livrer à leurs propriétaires dans les délais impartis ».
Il a aussi évoqué l’alimentation en eau potable, promettant que « le maximum de citoyens seront raccordés à cette ressource ». M. Djerad a fait part d’un programme dédié aux zones isolées, souffrant d’insuffisance en alimentation d’eau potable, d’électricité et de gaz.
Lors de cette présentation, le PM a aussi détaillé d’autres mesures liées à la gouvernance politique, « avec l’objectif de recouvrer la confiance du peuple en ses gouvernants et en ses institutions ».
Abdelaziz Djerad a « souligné que « le rétablissement et le renforcement de la confiance entre le peuple et ses dirigeants passent par une démocratie basée sur les principes de l’alternance au pouvoir, le respect des libertés individuelles et collectives, la justice sociale et la consolidation de l’Etat de droit ».
Il a affirmé que le gouvernement aspire à une « société dans laquelle il n’y aura pas de place pour les différences entre les Algériens, et ce quel que soit leur niveau social », ce qui permettra de « garantir à tout un chacun l’égalité des chances, dans le cadre d’un système démocratique consacrant l’indépendance de la justice et la légitimité des institutions ».
Il promet que le « gouvernement s’attèlera à assainir l’héritage désastreux de la gouvernance des années précédentes par la mise en place de nouvelles pratiques ouvrant la voie à un changement politique et économique auquel aspire le peuple algérien ».
Il a pointé du doigt « une gestion catastrophique de l’Etat ainsi que des pratiques autoritaires ayant mené au pillage et à la dilapidation des richesses du pays et à la destruction systématique de ses institutions et de son économie dans le but d’accaparer ses biens ».
Il a précisé que ces pratiques ont entraîné « la marginalisation des compétences nationales, sincères et honnêtes, déstabilisant ainsi les fondements même de l’Etat, et menaçant l’unité du peuple ».
Le Premier ministre a affirmé que cette « réalité amère » avait incité les Algériens, toutes franges confondues, à sortir le 22 février 2019 pour « condamner et rejeter cette tentative d’affaiblir notre pays et empêcher par la même que cette situation ne se reproduise plus ».
M. Djerad a, en outre, indiqué que le peuple algérien revendique un « changement global du système qui est révolu et souhaite l’émergence de pratiques politiques saines et une véritable démocratie, ainsi qu’une gouvernance économique moderne et transparente, à même de prémunir le pays de la corruption, du népotisme et de la désinformation ».
Il a, à cet effet, proposé de promulguer une loi de finances complémentaire afin d’annuler certaines décisions « injustes » de la LF 2020.
Chute de la fiscalité pétrolière
L’Etat a recouvré grâce à la fiscalité pétrolière 2.667 milliards (mds) de DA en 2019, alors que la fiscalité ordinaire a rapporté 3.110 mds de Da dans les caisses de l’Etat, a par ailleurs indiqué M. Djerrad.
Le recouvrement fiscal global au titre de l’année 2019 a ainsi atteint 5.777 mds de DA.
Alors que la loi de finances 2019 tablait sur une fiscalité ordinaire de 3.041,42 mds DA et une fiscalité pétrolière de 2.714,47 mds DA, les recettes collectées au titre de la fiscalité ordinaire en 2019 n’ont couvert que 64% des dépenses de fonctionnement, souligne le plan d’action du Gouvernement.
Les recettes de la fiscalité pétrolière ont sensiblement chuté ces dernières années à cause de la baisse des prix du baril. Ces recettes étaient de 4.054,349 mds de DA en 2012, rappelle le plan d’action.
Le cours moyen du brut algérien, le Sahara Blend, a perdu sept dollars en 2019, s’établissant à 64,49 dollars le baril (contre 71,44 dollars en 2018), en raison du ralentissement de la demande sur les marchés internationaux, notamment sous l’effet de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, selon le dernier rapport mensuel de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).
La production pétrolière de l’Algérie a atteint 1,023 million de barils par jour (Mbj) en 2019, en légère baisse (-17.000 barils/jour) par rapport la production moyenne de 2018 (1,040 Mbj), selon l’Opep.
A fin septembre 2019, le taux de change moyen du DA par rapport au dollar était de 119,2 DA/dollar.
Le plan d’action prévoit dans un volet financier la « modernisation du système bancaire et financier, via une » réforme importante ». « L’accent sera mis principalement sur une large diffusion auprès de la clientèle des banques des instruments de paiement électronique, en vue de réduire les transactions en espèces ».
« Situation économique difficile »
« Le Gouvernement saura faire face, avec responsabilité et constance, à la situation difficile et délicate que connaît le pays au plan socio-économique », a aussi déclaré M. Djerad.
Pour « atteindre cet objectif », le Gouvernement s’emploiera à « l’élimination des dérives ayant marqué la gestion des affaires publiques de l’Etat et des incidences négatives des forces inconstitutionnelles sur la décision politique et économique du pays ».
En termes de chiffres, le Premier ministre a fait savoir que la situation financière du pays demeurait « fragile » et tributaire des fluctuations du marché mondial des hydrocarbures, citant « l’aggravation du déficit budgétaire en 2019, la hausse du déficit de la balance commerciale à 10 mds USD fin 2019, le recul des réserves de change de plus de 17 mds USD et la hausse de la dette publique intérieure qui a atteint 45% du PIB contre 26% en 2017 ».
Il a aussi cité « l’incidence financière importante résultant des décisions et engagements pris en 2019, qui s’élève à 1.000 mds DA, en l’absence des financements nécessaires à leur couverture ».
« En dépit des difficultés et de la situation complexe, le Gouvernement n’a pas cédé au désespoir », grâce « aux profondes réformes politiques et socio-économiques contenues dans le programme présidentiel », a affirmé le Premier ministre.