La solidarité déployée par des acteurs de la société civile suscite respect et admiration. Pour pallier l’insuffisance d’oxygène et de concentrateurs d’oxygène, les initiatives sont venues de citoyens dans les villes, villages et dans l’émigration.
Des entrepreneurs sollicités ont généreusement financé l’achat des produits manquants dans les hôpitaux. Des vies humaines sont ainsi sauvées. Les autorités ont compris que ce mouvement de solidarité volontaire ne devait pas être contrarié par la réglementation paralysante.
C’est ainsi que les Douanes ont libéré le passage aux frontières de certains équipements médicaux. Dans ces circonstances dramatiques, le plus urgent est d’agir. Il faut faire front à cette pandémie qui menace la vie des citoyens. Un constat s’impose : la solidarité volontaire, ce devrait être un pléonasme de le dire, dépasse de loin la contrainte étatiste.
Elle la dépasse par sa promptitude, par sa générosité et par son équité. Les secours vont là où la demande s’exprime réellement. La priorité est à la vie humaine. Aucune discrimination, aucun favoritisme, aucune hiérarchie. La vie humaine tout simplement. Les administrations de l’État ne nous ont pas habitués à cette éthique. La vaccination en est la dernière épreuve.
La pénurie de vaccins a donné lieu à toutes les manifestations de débrouillardise que l’on connaît. Il est à espérer que l’arrivée massive annoncée de vaccins et la prise de conscience grandissante des citoyens contribueront à renforcer la protection sanitaire.
LA SOLIDARITÉ, ANTIDOTE MOMENTANÉ DE L’ÉTATISME
Dans des périodes de crise grave, c’est le cas avec cette nouvelle vague meurtrière de la COVID 19, la solidarité constitue un ressort solide pour pallier les déficiences. L’émotion atteint un niveau d’intensité qui réveille les réflexes de solidarité et d’entraide. C’est un grand moment d’humanité. Mais c’est connu, ce moment de fort volontarisme perd de son intensité dans la durée.
La rationalité économique reprend ses droits. Mais cette rationalité n’exclut pas des formes appropriées et durables de solidarité. Des études internationales montrent que le niveau de solidarité est plus élevé dans les pays où l’initiative privée est dominante par rapport aux pays où l’État prétend tout prendre en charge.
Les citoyens de ces derniers pays sont démotivés et comptent sur les ponctions fiscales et sociales opérées sur leurs revenus pour organiser la solidarité. Les villages de notre pays confirment cette tendance. C’est là où il y a moins d’État que les initiatives de solidarité sont les plus fortes. Relevons donc que l’étatisme, par son hégémonie dans la vie d’un pays, réduit le potentiel de solidarité de la société civile.
Il atrophie son humanité. Ce que feignent d’ignorer les thuriféraires de l’étatisme et du socialisme. Car la solidarité prend le rythme que le niveau d’émotion lui dicte. Inévitablement, le danger conjuré et l’émotion stabilisée, la solidarité reprend son rythme de croisière, rythme dicté notamment par les coutumes et les valeurs partagées. La solidarité exceptionnelle constitue en effet l’antidote momentané des déficiences de l’étatisme étouffant et démobilisateur.
Le retour à la normale rappelle les mécanismes économiques en vigueur. C’est sur ce terrain que des explications fantaisistes et idéologiquement intéressées ont surgi, comptant sans doute mettre à profit l’émotion légitime des citoyens pour les engager dans des conclusions absolument contraires à leurs intérêts. Des esprits doctrinaires plus préoccupés par la revanche idéologique ont saisi au vol la pénurie d’oxygène pour nous resservir les avantages de la période socialiste de l’Algérie, cet âge d’or où tout coulait à flot.
LE MONOPOLE D’ETAT TOUJOURS EN VIGUEUR
Les partisans de l’étatisme ou du socialisme imputent la pénurie d’oxygène au défaut de monopole d’un produit stratégique. Or, la vérité c’est que l’État a pris la décision de partager ce monopole avec Linde gaz. Nous ne sommes pas dans le cadre de la liberté d’investissement qui aurait permis de multiplier les créations d’entreprises et briser le monopole.
L’État possède 44% du capital de la société mixte. Ses représentants ont leur mot à dire dans le plan de développement de l’entreprise. Mais surtout, c’est l’État qui dresse les plus grands obstacles à l’investissement privé national et étranger. La création d’une concurrence est certainement le levier le plus sûr pour bousculer les intérêts bien établis de la société Linde gaz et de son partenaire algérien.
Parler donc de la nécessité d’une récupération du « monopole d’un produit stratégique » perdu est contraire à la vérité. Le bilan de Linde gaz est un bilan partagé par la société allemande et l’État algérien. Il conviendra d’examiner le bilan dans la sérénité. Mais c’est la politique économique de l’État qui est grandement en cause. Elle va à l’encontre de l’investissement libre. Elle favorise le monopole.
Elle est donc la cause première des pénuries qui peuvent surgir. En s’associant en 2007 à Linde gaz, l’État a procédé à la sauvegarde de cette industrie mal prise en charge par l’ancienne société nationale, l’ENGI. L’État est allé à la moitié du chemin. Alors qu’il est urgent de libérer l’investissement privé national et étranger. Il est urgent de favoriser la création d’un marché de libre concurrence en mesure de satisfaire la demande en quantité et en qualité.
Ceux qui réclament un monopole absolu de l’État dans l’industrie de l’oxygène comptent certainement sur la rente pétrolière pour financer les investissements. Or cette rente s’assèche et est convoitée, pour ce qu’il en reste, pour des dépenses publiques exorbitantes. Donc la question du financement reste entière. Avec en prime, l’expérience l’atteste, une gestion défaillante et dépendante du trésor public qui comble les déficits. L’étatisme, sous la forme du socialisme ou d’un étatisme hybride, a fait la preuve de son incompétence, de son incompétence ruineuse.
LOGIQUE DU PROFIT ET LOGIQUE DU DIRIGISME
En cette période de crise grave, de pénurie d’oxygène et de conséquences désastreuses sur la vie des citoyens, il est de bon ton d’orienter les esprits contre « la logique du profit ». Les étatistes et socialistes contestent aux entrepreneurs le droit d’escompter les revenus de leurs investissements. Autrement dit, ils veulent supprimer l’incitation à l’investissement.
Cette incitation est en même temps un risque pris. Car ils oublient de parler de l’autre versant du risque, la perte. Le résultat de leurs investissements dépend de leurs capacités à satisfaire en qualité et en prix les consommateurs. Dans le contexte d’une libre concurrence et sans les faveurs ou les entraves de l’État, ce sont les consommateurs qui, en dernier lieu, décident de leur profit ou de leur perte. Quand ils recueillent leurs légitimes profits, les entrepreneurs le font au bout d’un processus de production.
Ils doivent d’abord acquérir un terrain, construire, acheter les machines, consommer les matières premières et des produits transformés par d’autres industries. Ils paient les salaires, les impôts et les cotisations sociales, les remboursements de prêts. Ils accumulent des réserves pour les innovations et les futurs investissements. Le profit n’est donc pas un holdup. Il est l’aboutissement d’un processus de créations de richesses et de distribution de la valeur ajoutée. Le profit récompense l’entrepreneur qui a su répondre aux besoins des consommateurs.
La perte est la sanction d’un mauvais choix et de mauvaises performances. C’est cette logique qui est absente dans le dirigisme étatiste. Des capitaux sont confiés à des responsables administratifs de ministères et d’entreprises publiques.
N’étant pas propriétaires de ces capitaux, ils ne peuvent être aussi intéressés que ceux qui gèrent leurs propres biens.
Facteur aggravant, les gestionnaires du secteur public sont choisis par les responsables politiques sur la base de l’allégeance. La seule sanction qu’ils craignent, ce sont les changements de personnel politique. D’autre part, les choix économiques des entreprises publiques ne résultent pas du marché. Ce ne sont pas les consommateurs qui expriment quotidiennement leurs choix.
Ce sont les autorités politiques qui décident sur des bases électoralistes, d’alliances politiques et de connivence avec des affairistes privilégiés. Le choix des unités de montage automobiles illustre parfaitement ce processus administratif et anti-économique.
Sous prétexte de localisation de l’industrie et de création de quelques centaines d’emplois, les véhicules sont devenus rares et à des prix inabordables. Ce sont des centaines de milliers de consommateurs qui se sont trouvés lésés. La logique du dirigisme est anti-économique. L’Algérie a besoin de se débarrasser des conceptions encore dominantes du socialisme et de son rejeton hybride, l’hyper-étatisme. Ceux qui ont voulu opposer profit et solidarité en ont eu pour leurs frais.
Ce sont des entrepreneurs, ces « chasseurs de profit », qui sont montés au front pour généreusement exprimer leur solidarité matérielle dans cette épreuve douloureuse. La solidarité se trouve amplifiée quand elle est volontaire et échappe à la confiscation et à la coercition.
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