Le 15ème Sommet des BRICS, qui se déroule jusqu’au 24 août, s’est ouvert à Johannesburg en Afrique du Sud. L’Algérie est représentée par le ministre des Finances, Laaziz Faid.
« Partenariats pour une croissance accélérée, développement durable et multilatéralisme inclusif » est le thème choisi pour ce sommet. Le groupe des BRICS rassemble le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Les cinq pays représentent 26 % de la superficie de la planète, 42 % de la population mondiale.
La Chine, le Brésil et l’Inde sont représentés au sommet par les présidents Xi Jinping et Luiz Inacio Lula da Silva et le premier ministre Narendra Modi. Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères, représente la Russie. Le président Vladimir Poutine n’a pas fait le déplacement, en raison d’un « mandat d’arrêt international » lancé contre lui par la Cour pénale internationale (CPI). La Russie n’est pas membre de cette Cour.
Poutine a fait une intervention à travers un enregistrement vidéo où il a dénoncé « le gel des actifs et des avoirs » d’Etats souverains par l’Occident. « Il est nécessaire d’augmenter nos différentes activités pour parer aux inégalités et au chômage aggravé par ces problèmes chroniques de l’économie mondiale. Les pays pauvres sont les plus touchés(…) Différents projets ont été lancés. Pendant les dix dernières années, les investissements entre les États des BRICS se sont multipliés par six. Les exportations de ces pays représentent 20 % de l’ensemble des opérations mondiales d’exportation », a déclaré Vladimir Poutine.
Le volume du commerce entre la Russie et les pays des BRICS a augmenté de 40 %
Selon lui, le volume du commerce entre la Russie et les pays des BRICS a augmenté de 40 % pour atteindre en valeur 230 milliards de dollars. Il a indiqué qu’en termes démographiques, les populations des Etats des BRICS sont estimées à plus de 3,2 milliards de personnes.
« Les pays des BRICS assurent actuellement 26 % du PIB mondial. Nous avons engagé un processus irréversible de dédollarisation. Il s’agit de trouver les mécanismes pour le contrôle financier. Le sommet doit discuter de la transition vers les devises nationales. La Banque des BRICS est une alternative crédible aux institutions de développement occidentales », a ajouté le président russe.
Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a indiqué que la Russie envisage de proposer aux BRICS des modes de paiement internationaux alternatifs.
« Il s’agit de la création d’instruments de paiement résistants aux risques externes, ainsi que l’usage accru des monnaies nationales dans les transactions mutuelles(…) De nombreux pays font désormais preuve d’une méfiance croissante à l’égard des mécanismes financiers créés par l’Occident », a-t-elle précisé.
« Le processus de dédollarisation est à l’œuvre dans les transactions internationales depuis plusieurs mois. Différents pays, désireux de retrouver une souveraineté monétaire, ont commencé à commercer en devises nationales », a souligné l’agence russe Sputnik.
Lula favorable à l’adhésion de l’Argentine
Vladimir Poutine a insisté sur les questions relatives au transport et à l’énergie. « La route maritime du Nord sera une route commerciale efficace ( route reliant les océans Atlantique et Pacifique en longeant la côte nord de la Scandinavie). Il y a aussi le projet du corridor Nord-Sud qui doit relier les ports de la Russie aux terminaux maritimes du Golfe Persique et de l’océan Indien », a-t-il dit. Il a également évoqué la sécurité alimentaire mondiale et le développement de l’agriculture.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a, pour sa part, plaidé également pour une monnaie commune pour les pays des BRICS, sans rejeter le dollar. Il a évoqué « un Sud global ».
« Il s’agit de faciliter les échanges entre les nations émergentes dans leurs propres monnaies. Nous ne voulons pas être un contrepoint au G7, au G20 ou aux États-Unis. Nous voulons simplement nous organiser », a-t-il déclaré lors de l’ouverture du sommet. Le chef d’Etat brésilien est favorable à l’entrée de nouveaux membres au bloc, à l’image de l’Argentine, mais sous certaines conditions. « Nous voulons que les BRICS soient une institution multilatérale, et non un club exclusif », a-t-il dit.
Xi Jinping évoque « la diplomatie indépendante »
« Aujourd’hui, de plus en plus de pays frappent à la porte des BRICS, aspirant à rejoindre notre coopération. Cela témoigne de la vitalité et de l’influence du mécanisme de coopération des BRICS. La Chine est prête à travailler avec ses partenaires des BRICS pour agir dans l’esprit des BRICS d’ouverture, d’inclusivité et de coopération mutuellement bénéfique, établir un consensus sur les questions importantes, poursuivre notre tradition de diplomatie indépendante et défendre résolument l’équité et la justice internationales. Nous exhortons la communauté internationale à se recentrer sur les questions de développement, à promouvoir un rôle plus important du mécanisme de coopération des BRICS dans la gouvernance mondiale et à renforcer la voix des BRICS », a écrit, pour sa part, le président chinois Xi Jinping, dans une tribune publiée par plusieurs médias sud africains dont The Star et Cape Times.
Xi Jinping a évoqué la coopération entre la Chine et l’Afrique en citant certains projets structurants comme l’autoroute de Nairobi au Kenya et le pont de Foundiougne au Sénégal.
« Une relation Chine-Afrique forte et une coopération Chine-Afrique productive donneront un nouvel élan au développement mondial et assureront une plus grande stabilité au monde. Il s’agit d’une responsabilité internationale et d’une mission historique confiées aux 2,8 milliards de Chinois et d’Africains. Nous organiserons un Dialogue des dirigeants Chine-Afrique. Je travaillerai avec les dirigeants africains pour apporter à l’Afrique des initiatives de développement plus actives, plus efficaces et plus durables, élargir la coopération dans les domaines de l’agriculture, de l’industrie manufacturière, des nouvelles énergies et de l’économie numérique, et faciliter l’intégration économique, l’industrialisation et la modernisation agricole de l’Afrique », a plaidé le président chinois.
Et d’ajouter : « La Chine continuera à œuvrer en faveur de progrès substantiels dans l’adhésion de l’Union africaine au G20 cette année, et espère que les pays africains et l’UA joueront un rôle plus important dans les affaires internationales et régionales ».
L’Algérie, pour rappel, a introduit une demande officielle pour adhérer aux BRICS en 2022. D’autres pays ont formulé la même demande comme l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, l’Egypte, le Nigéria, le Sénégal, la Thaïlande, Cuba, l’Ethiopie, l’Argentine, l’Iran et le Vietnam. Une trentaine de chefs d’Etats et de gouvernements africains assistent au Sommet des BRICS.