Le Sommet Russie-Afrique s’est ouvert, ce jeudi 27 juillet à Saint-Petersbourg, sous le slogan « Pour la paix, la sécurité et le développement », en présence de 17 chefs d’État et les représentants de 49 pays du continent.
« Dans trois mois, nous serons en mesure d’assurer des livraisons gratuites de 25 000 à 50 000 tonnes de céréales au Burkina Faso, au Zimbabwe, au Mali, à la Somalie, à la République centrafricaine et à l’Érythrée », a annoncé le président russe Vladimir Poutine, lors de l’ouverture du sommet.
Il a indiqué que les échanges commerciaux entre la Russie et l’Afrique étaient de 18 milliards de dollars en 2022. « Je suis convaincu que dans un avenir proche nous pourrons augmenter ces échanges. La Russie livre à l’Afrique des machines, des équipements, des produits chimiques et des produits alimentaires. Nous allons accorder de l’importance pour la livraison à nos amis africains de blé, d’orge, de maïs et d’autres céréales. En 2022, le commerce des produits agricoles entre la Russie et les pays d’Afrique a augmenté de 10 %, soit 6,7 milliards de dollars. Entre janvier et juin 2022, ce commerce a évolué de 60 %. Un record », a-t-il soutenu.
11,5 millions de tonnes de céréales exportées vers l’Afrique en 2022
Poutine a rappelé que la Russie a exporté en 2022, 11,5 millions de tonnes de céréales vers l’Afrique. « Et durant la première moitié de 2023, ces exportations étaient de près de 10 millions de tonnes malgré toutes les sanctions illégitimes imposées contre nos exportations, nos transactions bancaires et nos transports. Il y a un paradoxe. D’une part, l’Occident impose des obstacles aux livraisons de nos céréales et de nos engrais, et de l’autre, nous accuse d’une manière hypocrite de la situation de crise sur le marché alimentaire mondial », a-t-il dénoncé.
Poutine a accusé les pays de l’Union européenne d’avoir profité des exportations ukrainiennes de céréales au détriment des pays souffrant de famine en Afrique comme la Somalie et le Soudan. Il a parlé aussi de sanctions imposées par les occidentaux même à des aides humanitaires russes à destination de l’Afrique et de pays pauvres en citant des cargaisons de céréales bloqués dans les ports.
Cette situation a amené Moscou à suspendre sa participation à l’accord sur les céréales en mer noire, signé en juillet 2022, pour garantir les exportation malgré le conflit en Ukraine. L’accord a été conclu par la Russie et l’Ukraine après une médiation de l’ONU et de la Turquie. Il était destiné à éviter une crise alimentaire mondiale en permettant les exportations de céréales ukrainiennes via la mer Noire en toute sécurité.
« En 2022, La Russie a récolté 156 millions de tonnes de céréales »
« Notre pays est capable de remplacer les cargaisons de céréales ukrainiennes à titre gratuit dans les pays ayant le plus besoin en Afrique. Cette année, nous nous attendons à une récolte record de céréales. En 2022, l’Ukraine a produit 55 millions de tonnes de céréales dont 17 millions de tonnes étaient de blé. 47 millions de tonnes de cette production ont été exportées. En 2022, La Russie a récolté 156 millions de tonnes de céréales, 60 millions de tonnes ont été exportées dont 48 millions de tonnes de blé. La Russie représente 20 % du marché mondial du blé, 5 % pour l’Ukraine. Cela veut dire que la Russie, un fournisseur fiable et responsable de produits agricoles, contribue d’une manière considérable à la sécurité alimentaire mondiale » a soutenu le président russe.
La Russie œuvrera, selon lui, d’une manière active pour l’installation d’un système mondial plus juste de distribution des ressources. Il a indiqué que la Russie va aider techniquement les pays africains à améliorer le rendement des terres agricoles et même à devenir des pays exportateurs de denrées alimentaires.
L’Afrique veut des partenariats « plus équilibrés et sincères » avec le reste du monde
Prenant la parole, après Vladmir Poutine, Azali Assoumani, président en exercice de l’Union africaine (UA) et chef d’État de l’Union des Comores, a déclaré, que l’Afrique veut des partenariats « plus équilibrés et sincères » avec le reste du monde.
« L’Afrique où vivront 3,8 milliards d’habitants à la fin de ce siècle souhaite des partenariats mutuellement bénéfiques avec des pays et des bailleurs de fonds bi et multilatéraux. La Russie a toute sa place pour se poser en partenaire majeur », a-t-il déclaré.
Les partenaires doivent, selon lui, s’adapter aux priorités du continent déclinées en des projets phares inscrits à l’Agenda 2063 de l’Union africaine (infrastructures, énergie, etc).
« Il est important de renforcer le partenariat public-privé entre l’Afrique et la Russie pour débloquer le potentiel du secteur privé en tant qu’acteur clé du développement(…) pour accélérer la diversification économique grâce à l’innovation dans des domaines à fort potentiel tel que l’agriculture, l’agro industrie, la santé, l’éducation. Le secteur privé africain, qui représente 80 % de la production du continent et les deux tiers des investissements, est un maillon essentiel en Afrique et un allié important pour les pays partenaires », a soutenu Azali Assoumani.
« La Russie est un partenaire stratégique pour l’Afrique »
Il a plaidé pour s’intéresser aussi au secteur du numérique. « La Russie est un partenaire stratégique pour l’Afrique avec une contribution significative dans la réduction de l’insécurité alimentaire. Elle apporte à notre continent 30 % de ses approvisionnements en céréales. Avec la crise russo-ukrainienne, ce partenariat est menacé si cette crise persistait. Un accord doit être possible pour sauver les milliers de personnes qui sont dépendantes de ces importations (de céréales). La sécurité économique et alimentaire de l’Afrique sera surtout menacée, d’autant plus que le continent est dores et déjà durement affecté par le choc des prix des denrées alimentaires provoqué par l’interruption de leurs approvisionnements. Nous exhortons les parties prenantes à trouver un terrain d’entente pour permettre la reprise des envois des engrais et des céréales d’Ukraine et de Russie vers notre continent », a-t-il déclaré.
L’Afrique est, selon lui, disposée à raffermir sa coopération avec la Russie dans tous les secteurs et à contribuer à assurer « la paix et la stabilité ». Il a rappelé l’initiative prise par les pays africains pour une médiation entre la Russie et l’Ukraine pour mettre fin au conflit. « Nous restons confiant que notre appel à la paix sera entendu car le monde en a grand besoin », a-t-il dit. Azali Assoumani a condamné le coup d’Etat au Niger et appelé à rétablir l’ordre constitutionnel.
L’Afrique réclame un siège en tant que membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU
« Nous devons nous engager ensemble dans un multilatéralisme plus instructif et plus effectif. Nous pensons collectivement, nous les africains, que le monde d’aujourd’hui ne peut se passer d’une réforme en profondeur du système international et concrètement de l’ONU. L’Afrique d’aujourd’hui et de demain a le droit d’obtenir sa participation au système de décision collectif et d’accéder au Conseil de sécurité en tant que membre permanent. L’Afrique mène le même plaidoyer s’agissant de son adhésion au sein du G20 car pour plus d’équité et de justice elle ne peut pas être écartée des instances décisionnelles mondiales », a plaidé Azali Assoumani. Il a indiqué que la Russie défend ces demandes africaines.