L’Algérie a décidé, malgré la flambée des prix du pétrole et du gaz, de maintenir des “prix contractuels relativement corrects” à l’ensemble de ses clients, a déclaré ce vendredi 01 avril, à l’agence APS, le Pdg du groupe Sonatrach, Toufik Hakkar, qui a précisé cependant qu’il n’est pas exclu de procéder à un « recalcul » des prix avec notre client espagnol« .
En peu de mots, et sans déroger aux obligations contractuelles qui lient Sonatrach à ses partenaires espagnols, le PDG du groupe public confirme bien l’amorce de la révision globale des relations entre Alger et Madrid à la suite de l’abandon par l’Espagne de ses obligations légales et historiques envers le peuple sahraoui.
Toufik Hakkar a indiqué que les investissements prévus – 40 milliards de dollars entre 2022 et 2026 dans l’exploration, la prospection et la production – devraient permettre de doubler les capacités de production « d’ici 4 ans ». Cela “laisse entrevoir des perspectives prometteuses avec nos clients européens ».
L’Espagne ayant fait le choix de privilégier ses intérêts immédiats au détriment du respect du droit international, l’Algérie ne compte pas lui accorder la « prime » d’être le hub par lequel passe les quantités additionnelles de gaz à destination de l’Europe. Le choix fait par Pedro Sanchez aura pour conséquence que le Medgaz ne connaîtra probablement pas de développement ultérieur, hormis les engagements contractuels en cours.
Par contre, la relation, très ancienne dans le domaine de l’énergie avec l’Italie, est appelée à se développer davantage. Les Italiens, très dépendant du gaz russe, font de l’Algérie l’alternative la plus évidente dans la perspective, en cours, d’un dégagement de l’Europe occidentale vis-à-vis du gaz russe.
Madrid qui se positionnait comme la porte d’entrée du gaz algérien vers l’Europe a littéralement détruit cette possibilité par l’alignement, qui a choqué la classe politique espagnole, sur les desiderata marocains. L’Italie, qui reste attachée au cadre onusien et au droit international sur la question du Sahara Occidental, est clairement le partenaire stratégique méditerranéen de l’Algérie.
On ne peut s’empêcher d’ouvrir une liaison entre le politique et l’économique. L’Algérie est dans son droit de ne pas augmenter ses capacités de livraison de gaz vers l’Espagne et de revoir les prix , eu égard au contexte international.
Mais il ne faudrait jamais évoquer cette substitution au gaz russe , même s’il s’agit de livrer l’Italie . L’Italie et l’Espagne sont des portes de livraisons vers l’Europe , alors il faudrait faire attention .
L’Europe qui s’est fortement impliquée dans le conflit en Ukraine , se doit de prendre ses responsabilités si la Russie venait à réduire le volume de gaz livré. D’ailleurs le paiement en roubles, exigé par le Kremlin est un facteur de déstabilisation de cette Europe qui se devait de revoir sa stratégie de sanctions.
Toujours est il que l’Algérie n’a pas les capacités de production pour remplacer toute la livraison russe en Europe.