“Rouh El Djazair” (L’âme de l’Algérie), un grand spectacle historique, a été présenté, durant la soirée du mercredi 30 octobre 2024, à la Coupole du complexe olympique Mohamed Boudiaf à Alger.
Mis en scène par Ahmed Rezzak, le spectacle, qui a duré plus de deux heures et qui a été produit par le ministère des Moudjahidine et des Ayants droits, a été présenté en présence du Premier ministre, Nadir Larbaoui, du ministre des Moudjahidines et des Ayants droit, Laïd Rebiga et d’autres membres du gouvernement ainsi que des ambassadeurs.
Ecrit par le poète et journaliste Brahim Seddiki assisté d’autres auteurs, le spectacle, en arabe classique et dialectal, s’est appuyé sur la lumière et le son ainsi que sur la technique du mapping (à près de 360 degrés) et un audio spatial en 4K pour raconter en treize tableaux les différentes époques de l’Histoire riche de l’Algérie, une nation née bien avant 1830. Des centaines de danseurs et de comédiens ont exécuté les différents tableaux accompagnés d’une bande son préenregistrée.
Le début, un peu spirituel, a raconté la création de l’univers avec la citation des différents noms saints d’Allah, écrits sur le toit de la couple, avec une musique et un chant savant. Les tableaux se sont succédés ensuite sur scène avec, à chaque fois un mouvement des danseurs bien réglé, et une musique évoluant, selon la dramaturgie de la situation :
L’Antiquité, l’époque romaine, la guerre entre vandales et numides, les batailles de la reine Tin Hinane dans le Hoggar, l’avènement de l’islam, les dynasties Rostomide, Hammadite et Zianide, l’époque Ottomane, l’occupation française, les résistances populaires dont celle de l’Emir Abdelkader, la préparation du déclenchement de la guerre de libération nationale avec les réunions du groupe des 22 et puis du groupe des six (composé de Rabah Bitat, de Mohamed Boudiaf, Mostéfa Ben Boulaid, Larbi Ben M’hidi, Didouche Mourad et Krim Belkacem), le déclenchement de la Révolution du Premier novembre 1954, les pouvoirs spéciaux donnés aux généraux français en Algérie et la répression qui les a accompgnée, la guerilla urbaine et la contribution des femmes notamment dans les grandes villes, l’exécution d’Ahmed Zabana (le 19 juin 1956), les Accords d’Evian puis l’indépendance de l’Algérie.
Toutes ces étapes ont été évoquées dans un spectacle où a curieusement manqué une phase sensible de la guerre de libération nationale, le Congrès de la Soummam en août 1956 qui a réorganisé efficacement la Révolution. La création du GPRA a été également ignorée dans le spectacle. Des noms de grands combattants de la guerre contre le colonialisme français ont “sauté” ou ont été sommairement évoqués comme ceux d’Abane Ramdane, de Si El Haoues, de Si M’hamed Bouguerra, de Colonel Lotfi, d’Amirouche, de Mohamed Boudiaf, de Hocine Ait Ahmed, d’Ahmed Ben Bella…
La présence d’un grand nombre d’artistes sur scène a été parfois perturbante. Une présence qui, malgré une scénographie plutôt soignée, n’a pas servi parfois le récit. Reste une question : “Rouh El Djazair” sera-t-il présenté au large public ou se contentera-t-on d’une seule représentation officielle comme c’était le cas, par le passé, de tous les spectacles produits à l’occasion de la célébration du Premier novembre 1954 ou du 5 juillet 1962 ? Pas de réponse pour l’instant.