Les droits et devoirs des artistes algériens seront clairement mentionnés dans l’avant projet de loi sur le statut de l’artiste actuellement en préparation. Ce texte a été discuté, mardi 9 mai, au Palais de la culture Moufdi Zakaria, à Alger.
Ce texte, qui va définir la qualité d’artiste professionnel, consacre « la liberté de pensée et de création pour les artistes, le droit d’avoir un contrat, le droit d’obtenir une rémunération en contrepartie de tout travail artistique, le droit de pratiquer l’art en toute liberté dans le respect des lois et règlements en vigueur et le droit d’avoir une carte professionnelle ». Cette carte est obtenue auprès du Conseil national des arts et des lettres (CNAL) d’après une Nomenclature comptant 184 métiers artistiques.
L’avant projet de loi donne droit à l’artiste « d’avoir une niveau de vie suffisant pour préserver sa santé et le confort à lui et à sa famille ». Le droit à la protection sociale, à la couverture sanitaire et à la retraite est également consacré. Idem pour l’obtention d’un contrat d’assurance complémentaire couvrant les risques professionnels auprès de producteurs.
Une charte de déontologie artistique
Le texte consacre aussi le droit pour l’artiste de créer ou d’adhérer aux organisations professionnelles représentatives et d’être sollicité pour l’élaboration de politiques publiques dans les domaines culturel et artistique.
« L’artiste a le droit de bénéficier de la formation continue à travers des cycles, des rencontres, des ateliers, des résidences, des bourses et des échanges pour promouvoir l’art et la culture », est-il mentionné dans le texte.
Au chapitre des devoirs, l’avant projet de loi impose pour l’artiste « le respect de l’ordre public, la morale publique, la déontologie du travail artistique et le secret professionnel ».
« L’artiste doit activer conformément à cette loi, à la législation en vigueur et à la déontologie artistique », est-il encore précisé. Une charte nationale de déontologie artistique sera élaborée après la promulgation de la loi.
Lahcen Maamar, membre du comité de rédaction de l’avant projet de loi sur le statut d’artiste, a indiqué, lors des débats, que l’artiste algérien a la possibilité de créer sa propre entreprise et d’activer comme un entrepreneur en obtenant un code au registre du commerce.
« La liberté de création doit être clairement consacrée »
Certains artistes, à l’image du metteur en scène Mohamed Cherchel, ont exprimé des réserves sur les limites imposées, selon eux, à la liberté d’expression artistique en obligeant les créateurs à « respecter la morale publique ». « La liberté de création doit être clairement consacrée sans restrictions. Dans le projet de loi, on évoque cette liberté d’un côté, et on la limite de l’autre. Il faut reformuler les articles relatifs à la liberté », a proposé Mohamed Cherchel.
D’autres intervenants ont exigé la nécessité de clarifier la notion de « secret professionnel ». « Théoriquement, il n’existe pas de secret dans l’art. L’art est par définition ouvert », a souligné l’un d’eux.
Abdelnour Chelouche, comédien, a, pour sa part, demandé à définir la notion » de confort » soulignant que plusieurs artistes algériens « souffrent en silence, meurent dans l’anonymat ou n’ont pas de quoi subvenir à leurs besoins faute de revenus décents ».
« Les artistes doivent bénéficier de la retraite d’un cadre de l’Etat et avoir la possibilité de créer des syndicats indépendants. Il faut aussi imposer des règles pour casser le monopole qu’ont certains producteurs sur la création artistique. Des producteurs qui bénéficient à chaque fois de subventions publiques », a-t-il dit.
Mustapha Bouri, metteur en scène, a, de son côté, plaidé pour clarifier la notion d’artiste professionnel et d’artiste amateur dans le texte pour « éviter les confusions ». Il a appelé à réfléchir à la création « d’un congé spécial » pour les artistes salariés ou fonctionnaires (dans d’autres institutions) pour leur permettre de se consacrer à la création.