Le président Abdelmadjid Tebboune a annoncé, vendredi 21 juillet, que l’Algérie souhaitait développer des projets de l’espace, des chemins de fer et des mines avec la Chine.
« La Chine est une puissance qui est engagée dans la conquête de l’espace. Elle a une station. Nous voulons être partenaires avec la Chine dans le domaine spatial, des sciences et applications spatiales comme les satellites, créer une société mixte avec des ingénieurs algériens. Il s’agit aussi de former des Algériens pour aller vers l’espace. C’est notre ambition », a déclaré le chef de l’Etat, lors d’une interview dans l’émission « Leaders talk » de la chaîne d’information continue chinoise CCTV 13 ( China Central Television News Channel).
Avant de poser la question, la journaliste chinoise a montré un billet de 500 dinars algériens sur lequel est dessiné le satellite Alcomsat-1 en orbite au-dessus du territoire algérien. Le 10 décembre 2017, Alcomsat-1, satellite de télécommunications, a été placé en orbite géostationnaire par le lanceur chinois Longue Marche 3B, depuis la station de Xichang, en Chine.
Lors de la visite d’Etat du président Tebboune en Chine, du 17 au 21 juillet, plusieurs accords de coopération et mémorandums d’entente ont été signés. Il s’agit, entre autres, d’un programme exécutif dans le domaine de la recherche scientifique et spatiale.
« Nous sommes habitués aux sociétés chinoises »
Tebboune a également parlé de projets pour connecter les villes du nord algérien à celles du sud par les chemins de fer. « Un projet que nous souhaitons développer avec les amis chinois. Il y a aussi d’autres projets dans les mines comme celui de Gara Djebilet, l’une des plus grands gisements de fer dans le monde. Nous voulons que ce fer soit acheminé vers les usines du nord du pays », a-t-il dit.
Tebboune a évoqué l’adoption par l’Algérie d’une nouvelle loi sur l’investissement. Une loi qui ouvre de larges perspectives et donne de grandes garanties à tous les investisseurs qui n’existaient pas auparavant. Je me suis engagé pour que cette loi ne change pas pendant dix ans. Le terrain est prêt pour l’investissement. Nous sommes habitués aux sociétés chinoises. Nous nous connaissons mutuellement. Nous donnons des facilités à la hauteur du niveau de confiance existant entre ces sociétés et le gouvernement et l’Etat algériens », a-t-il indiqué.
Le chef de l’Etat est revenu sur les relations historiques existant entre l’Algérie et la Chine : « En 1958, la Chine a été le premier pays, en dehors du monde arabe, à reconnaître le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne). Une reconnaissance qui a donné une dimension mondiale à la lutte du peuple algérien. Nous avons démarré de zéro après notre indépendance et nous avons trouvé des pays comme la Chine qui nous ont aidé dans notre parcours de développement. L’Algérie est aujourd’hui pour l’Afrique ce qui est la Chine pour le monde ».
« La Chine respecte l’autre, ne dicte des politiques »
Il a rappelé que l’Algérie avait soutenu l’intégration de la Chine populaire au sein des Nations Unies.
Le 25 octobre 1971, les pays membres de l’ONU adoptent une résolution proposée par l’Albanie qui permettait l’admission de la Chine populaire et entraînait le départ de Taïwan. La Chine devient également membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU.
« La Chine unifiée avec toutes ses terres était devenue membre de l’ONU. C’est notre position. Une position qui n’a pas changé depuis 1971 (…) La Chine avance à grands pas. Rien ne peut se faire désormais dans le monde sans la Chine. Le Monde attend la Chine et son appui. La mission du président Xi Ping de diriger un pays d’une telle dimension n’est pas facile. Nous le soutenons (…) La Chine est un grand pays qui a de gros moyens. La Chine respecte l’autre, ne dicte des politiques, traite avec les autres pays d’égal à égal quelque soit la dimension du pays. Il n’y a pas de crainte par rapport à une hégémonie chinoise sur d’autres pays. Nous sommes à l’aise dans nos relations avec l’Etat chinois. Nous essayons de dépasser le commerce pour traiter ensemble dans les projets communs dans tous les domaines, l’espace, l’enseignement supérieur, l’industrie pharmaceutique, la formation », a soutenu Tebboune.
Il a rappelé qu’après l’indépendance de l’Algérie, les médecins chinois étaient parmi les premiers à venir prêter assistance aux praticiens algériens, peu nombreux à l’époque.
« La Chine est acceptée en Afrique »
« Nous reconnaissons nos amis dans les moments difficiles. Nous avons une grande confiance en l’amitié avec la Chine. La Chine n’a jamais changé de position. Aujourd’hui, l’Algérie est devenue un des plus grands pôles dans le domaine de la médecine en Afrique et en Méditerranée. Notre ambition est d’entrer avec nos amis chinois en Afrique ensemble. La Chine est acceptée en Afrique car elle ne dicte des politiques. L’Algérie est aussi un grand pays en Afrique. Elle peut être un intermédiaire entre la l’Afrique et la Chine », a souligné Tebboune.
Il a précisé que la Chine a de bons rapports avec les pays arabes et les pays africains. « La Chine joue un rôle de médiation y compris entre les pays arabes, entre l’Iran et les pays arabes. C’est la politique que nous privilégions, celle de rapprocher les gens », a-t-il noté.
En mars 2023, Pékin a assuré une médiation entre Riyad et Téhéran permettant le rétablissement des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et l’Iran.
Répondant à une question sur la lutte des Algériens contre la colonisation française, Tebboune a relevé que le bilan de la guerre de libération nationale était lourd.
« A l’époque, nous étions près de 9 millions d’habitants en Algérie. 1,5 millions sont morts durant cette guerre, c’est-à-dire que près de 15 % de la population se sont sacrifiés pour l’indépendance de la patrie, pour la justice et pour la liberté. Les principes de l’Algérie sont connus, nous sommes favorables pour la liberté des peuples, le refus de l’hégémonie et de la domination. C’est la volonté de libération qui protège les peuples et les Etats. Nous avons payé chèrement pour notre indépendance de la décision, une décision aux mains des Algériennes et des Algériens. Il y a aujourd’hui des tentatives pour le retour de la colonisation avec un autre visage. C’est le néo-colonialisme. C’est devenu plus compliqué pour les colonisateurs. Aujourd’hui, tous les peuples africains sont conscients sur les plans politique et culturel », a-t-il soutenu.
« Nous avons demandé officiellement l’adhésion au BRICS et à sa banque en tant qu’actionnaires »
« Les leaders algériens ont déclaré que l’indépendance de l’Algérie ne sera complète que le jour où la Palestine sera indépendante. Nous souhaitons l’établissement d’un Etat palestinien avec tous les droits dans les frontières de 1967. La force de la Palestine est dans son unité. Les factions palestiniennes ont accepté de se réunir en Algérie (la Déclaration d’Alger sur la réunification des factions palestiniennes a été signée le 13 octobre 2022). L’Algérie et la Chine militent pour que la Palestine intègre l’ONU en tant que membre à part entière, sorte de son statut d’observateur », a-t-il annoncé.
Concernant les relations internationales, le président Tebboune a indiqué que l’Algérie et la Chine partagent l’idée de revoir le fonctionnement de certaines institutions. « La Banque mondiale et le FMI ne travaillent pas dans le sens des intérêts des pays pauvres. Le monde des BRICS nous convient plus. Nous avons demandé officiellement l’adhésion au BRICS et à sa banque en tant qu’actionnaires. Notre première participation sera de 1,5 milliards de dollars », a annoncé le chef de l’Etat. La New Development Bank (NDB), qui est basée à Shangaï en Chine, est présidée par l’ancienne présidente du Brésil et économiste Dilma Rousseff. La NDB a été créée par la Chine, le Brésil, la Russie, l’Inde et l’Afrique du Sud, les pays membres du groupe des BRICS.