Tebboune à propos de sa visité programmée en France :  » Je n’irai pas à Canossa! »

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Tebboune à propos de sa visité programmée en France : " Je n'irai pas à Canossa!"
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La visite du président Abdelmadjid Tebboune en France, annoncée pour cet automne, ne figure plus dans l’agenda du chef de l’Etat compte tenu de l’état des relations actuelles avec Paris.
« Je n’irai pas à Canossa », a répondu Abdelmadjid Tebboune à une question sur le projet d’une visite d’Etat en France, reportée à deux reprises en 2023, et annoncée  par l’Elysée pour cet automne.

«Aller à Canossa » signifie que l’on se soumet aux injonctions de l’adversaire, s’humilier. Au XIXe siècle, le chancelier allemand Otto von Bismarck, en conflit avec l’Église, avait lancé : « Nous n’irons pas à Canossa ! ».


Cette expression est plus ancienne. Au XIe siècle, l’empereur germanique Henri IV (1050- 1106) était allé à la ville italienne de Canossa où était resté trois jours tête nue dans la neige pour annuler son excommunication par le pape Grégoire VII. Depuis, se rendre à Canossa est assimilé, y compris dans la culture anglo-saxonne, à la soumission.
Fin juillet, l’Algérie a retiré son ambassadeur à Paris après la décision de de la France d’appuyer le plan d’autonomie marocain au Sahara Occidental.


« Le plan d’autonomie est une idée française »

« La visite est une chose et le fait d’avoir retiré l’ambassadeur de Paris est une autre. La France, qui est membre du Conseil de sécurité de l’ONU, annonce publiquement qu’elle soutient le plan d’autonomie alors que le dossier du Sahara Occidental est déposé au niveau de la commission de décolonisation de l’ONU. Que signifie ce deux poids, deux mesures ? », s’est interrogé le chef de l’Etat.


La France doit, selon lui, défendre le Conseil de sécurité plus que d’autres pays, compte tenu de son statut de membre permanent. « On sait que la France aide le Makhzen à s’emparer des territoires sahraouis. Le plan d’autonomie est une idée française, pas marocaine. Je ne cite pas le président qui l’avait proposé. Quand on est membre permanent du Conseil de sécurité, on est là pour œuvrer pour la paix, pas pour la violer. Un ministre  (français) a même proposé d’investir au Sahara Occidental. Il faut respecter les instances onusiennes. La Minurso créée par l’ONU a pour mission de protéger les Sahraouis de l’arbitraire. Il y a un envoyé spécial de l’ONU au Sahara Occidental. Et vous venez écarter tout cela d’un seul geste ! « , a déclaré Tebboune.


« C’est une question de logique. On ne peut pas faire la chose et son contraire. L’Union européenne a pris la décision de s’aligner sur la position du Conseil de sécurité sur le Sahara Occidental », a-t-il ajouté en réponse à une question sur l’audience accordée, le 11 septembre 2024, au Palais d’El Mouradia, à Alger, à Anne-Claire Legendre, envoyée spéciale et conseillère Afrique du Nord et Moyen-Orient du président français Emmanuel Macron.
Tebboune n’a pas indiqué si l’ambassadeur algérien allait revenir à Paris. « L’avenir nous le dira », a-t-il répondu.


« L’Accord de 1968 est un épouvantail pour nous faire peur »

Le chef de l’Etat est revenu sur les appels lancés par l’extrême droite française pour dénoncer l’Accord franco-algérien de décembre 1968 relatif à la circulation, à l’emploi et au séjour des ressortissants algériens et de leurs familles en France.
« L’Accord de 1968 est un épouvantail pour nous faire peur. Cet Accord est en lien avec les Accords d’Evian qui portaient sur la libre circulation des algériens et des européens. Les européens sont partis. La France a estimé que cette disposition n’était plus valable. L’Accord a été révisé en 1985, en 1995 et en 2001. Il n’a plus de contenu », a-t-il estimé.


Les appels à la suppression de l’Accord de 1968 relèvent, selon le chef de l’Etat, d’un slogan politique « pour réunir les extrêmes ». « C’est l’étendard derrière lequel marche l’armée des extrémistes, la revanche. Ils se trompent. Nous n’entrons pas dans ce labyrinthe », a-t-il dit.  Il a précisé que les Etats peuvent s’entendre sur la révision d’accords « Si c’était sérieux ».


« Ils sont en train de raconter des histoires au peuple français. Les Accords de 1968 n’influent en rien ni sur la qualité de l’immigration ni sur la sécurité de la France. Je suis affirmatif. 65 % des français n’ont rien à voir avec cela. C’est une minorité haineuse qui veut salir l’Algérie. Ils n’y arriveront pas. Il existe d’autres accords qui peuvent être actionnés. Les Accords de 1968, c’est une coquille vide. Il n’y a rien. Cette minorité raciste oublie que 60 % de la communauté algérienne en France porte la double nationalité », a expliqué le chef de l’Etat.


« Je n’accepte pas les légendes et les mensonges colportés sur l’Algérie »

Sur le travail de mémoire, il est revenu sur le travail de la commission regroupant des historiens algériens et français. « Nous sommes à l’origine de la création de cette commission pour dépolitiser l’Histoire. L’Histoire doit se reposer sur des faits et non pas sur des affirmations politiques. Au début, cette commission a joué son rôle, mais son travail a été impacté par les déclarations politiques d’une minorité française hostile à l’Algérie », a-t-il souligné.


« Nous avons dit que nous avons subi une colonisation de peuplement. L’Algérie a été choisie pour le grand remplacement, le vrai. Il s’agit de chasser la population locale et la remplacer par une population européenne, combattre l’islam pour christianniser l’Algérie et en faire une terre européenne avec des massacres commis par l’armée génocidaire du roi Charles X. On ne va pas effacer tout cela. L’Histoire en est témoin. Nous pouvons traiter en tant qu’amis, d’égale à égale, mais je n’accepte pas les légendes et les mensonges colportés sur l’Algérie. Ils avaient prétendu avoir trouvé une terre déserte en Algérie et qu’ils y avaient asséché les marécages. L’Algérie était un État qui dominait une grande partie de la Méditerranéen. La résistance algérienne à la campagne militaire coloniale a duré 70 ans avec des millions de victimes. Certains villages et tribus ont été rasés. Il y a eu un génocide. Nous exigeons la vérité historique », a soutenu le chef de l’Etat.Et de poursuivre : « je me suis entendu avec le président Macron pour ouvrir une nouvelle page, une refondation des relations algéro-françaises, ne pas laisser une minorité dominer l’Histoire qui a de la haine envers l’Algérie. Il ne faut pas falsifier l’Histoire. Nous n’étions pas un protectorat. Nous devons coexister pacifiquement. Il y a une forte communauté algérienne là-bas (en France). J’essaie de préserver le minimum avec vous (نحافظ  على شعرة معاوية) ».


Il a indiqué que l’Algérie tournait la page avec la France mais sans la déchirer, en reprenant une déclaration du Président Houari Boumediène, sur le passé colonial français en Algérie. « Nous lisons ce qu’il y a dans la page, vous n’écrivez pas ce que vous voulez », a-t-il appuyé.

Tebboune appelle Paris à nettoyer les sites contaminés par les essais nucléaires

Le président Abdelmadjid Tebboune a appelé Paris à nettoyer les sites où dix sept essais nucléaires ont été effectués dans le sud algérien durant les années 1960.
« Nous voulons bien vivre en paix (avec les français) mais pas au détriment de notre dignité et de notre Histoire. Jamais ! Vous voulez qu’on passe aux choses sérieuses, et bien, venez nettoyer les endroits où vous avez effectué des essais nucléaires. Les gens y meurent encore. Vous êtes devenus une puissance nucléaire et nous avons récolté les maladies. Vous ne voulez pas nettoyer et vous voulez que nous devenions amis. Venez nettoyer Oued Namous où vous prépariez vos armes chimiques. Notre bétaille en souffre encore. C’est cela la vérité, pas le faux débat sur l’Accord de 1968 », a déclaré le chef de l’Etat lors de l’entretien accordé, samedi 5 octobre, aux médias nationaux. Il a précisé que les négociations pour les sites des tests atomiques français au Sahara durent depuis 62 ans.

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