Le président Abdelmadjid Tebboune a assisté, ce jeudi 16 novembre, à la clôture d’une des Journées de l’entrepreneuriat organisées par le Conseil du Renouveau Économique Algérien (CREA), au Centre international des conférences, Abdellatif Rahal, à Alger.
Face aux entrepreneurs économiques, aux présidents des deux chambres du Parlement, aux membres du gouvernement et à des ambassadeurs, le chef de l’Etat a critiqué les lenteurs enregistrées dans l’application des décisions surtout celles relatives aux activités économiques. » L’Algérie a bougé et le train est bien parti. Ou vous prenez le train ou vous choisissez de bons souliers ! », a-t-il déclaré, applaudi par la salle. Il a rappelé avoir entamé un travail, depuis presque quatre ans, pour provoquer le changement et « rompre définitivement avec les mentalités du passé ».
Il a salué le rôle des deux présidents du Parlement pour l’accélération de l’adoption de la loi 23/17 du 15 novembre 2023 « fixant les conditions et les modalités d’octroi du foncier économique relevant du domaine privé de l’Etat ». Le texte de loi, composé de 27 articles, a été publié rapidement dans le Journal officiel numéro 73 datant du jeudi 16 novembre 2023. Il a estimé que toute loi doit être suivie des textes d’application dans un délai n’excédant pas un mois. Il est connu que sans textes d’application, les lois restent muettes.
« Des mentalités arriérées ont provoqué les retards au niveau économique dans le pays »
« Dans la zone industrielle de Blida, 100 entreprises sont bloquées depuis quinze ans, ne pouvant pas activer en raison d’un problème de passage d’une canalisation de gaz sous terre. Ce problème a été réglé hier. Ces entreprises peuvent commencer à activer », a annoncé le chef de l’Etat.
Il a estimé qu’il n’est pas normal qu’une usine, prête à entrer en production, reste bloquée pendant longtemps à cause d’une lenteur bureaucratique ou d’un fonctionnaire en attente d’un pot de vin. Tebboune a usé de l’expression populaire « دهن السير يسير » qui évoque la corruption contre l’obtention d’un service.
« On donne aux investisseurs des licences d’exploitation temporaire, puis on leur demande d’attendre avant la régularisation. Tout cela, c’est fini. Nous n’allons laissé aucun problème sans solution. Des mentalités arriérées ont provoqué des retards au niveau économique dans le pays. Ces mentalités ont été la cause du blocage de 900 entreprises par le passé. Et selon le Médiateur de la République, devenu ministre de l’Intérieur, la reprise de ces 900 entreprises a contribué à la création de plus de 22.000 postes d’emploi dans le pays « , a soutenu le chef de l’Etat.
Il a appelé Kamel Moula, chef d’entreprise et président du CREA, à demander au président de la République ou au Premier ministre à chaque fois que des problèmes sont posés.
« Vous êtes une force créatrice »
Avant de prononcer son allocution, le chef de l’Etat a effectué une tournée aux stands de start’ups, d’entreprises publiques et privées, de jeunes porteurs de projets et des opérateurs algériens établis à l’étranger. « J’ai été ravi de rencontrer les représentants d’une start up algérienne qui fabrique des composants de satellites », a-t-il dit, après en salle.
Il s’agit d’une start up appelé Africa space works qui a lancé un satellite avec la plateforme américaine Space X. « C’est le genre d’initiative qu’il faut encourager. Votre crédibilité commence ici. Ailleurs, s’ils voient que votre État vous soutient, ils viendront vers vous », a déclaré le chef de l’Etat à l’adresse du patron de la jeune entreprise. Tebboune a laissé entendre que l’Algérie entend produire 60 satellites.
Tebboune a souhaité la tenue annuellement d’assises des Algériens établis à l’étranger abordant tous les secteurs. « Cela va de la médecine à la petite entreprise en passant par beaucoup de choses. Vous êtes partie prenante de ce qui se passe en Algérie. Si ce n’est pas la séparation géographique, je ne fais pas de différence entre nos jeunes vivants ici ou ailleurs. Vous êtes une force créatrice. Le pays a besoin de vous », a-t-il dit.
En s’adressant à de jeunes investisseurs nationaux, il a déclaré : « je vous encourage à créer des sociétés de production à Adrar, Ménéa, Aoulef, à In Salah…Là où vous voulez. Vous êtes sur la bonne voie. Ne laissez personne vous complexer. Je vais dire quelque chose de gros: on tentera de vous décourager aussi. Il n’y a pas que ceux qui aiment le bien pour le pays ».
Tebboune a abordé aussi le dossier de la production pharmaceutique avec un investisseur. « J’ai suivi ce dossier de près. C’est pour cette raison que j’ai créé un ministère de l’industrie pharmaceutique pour montrer l’importance de fabriquer des médicaments. Nous n’arriverons pas à l’autosuffisance parce qu’il y a des médicaments qui sont fabriqués par deux ou trois laboratoires dans le monde que nous sommes obligés d’acheter. Je vous encourage. Ce n’est pas facile parce qu’il y a une concurrence déloyale et des réactions malsaines. Nous essayons de réguler le marché. Nous allons travailler ensemble. Je souhaite qu’on soit le premier exportateur de médicaments en Afrique et dans le Tiers monde », a déclaré le chef de l’Etat.