L’Algérie entend intégrer totalement l’Afrique et a des idées et des projets pour le continent. Lors d’une rencontre avec la presse nationale, diffusée samedi 6 mai au soir, le président Abdelmadjid Tebboune a développé ses visions par rapport à l’Afrique.
« Par le passé, notre présence en Afrique se limitait à notre situation géographique dans le continent. Notre action, durant ces dix dernières années, n’était pas dirigée vers l’Afrique, mais au-delà des mers (Europe). Aujourd’hui, l’Algérie a retrouvé sa place en Afrique », a soutenu le chef de l’Etat.
« La pauvreté a fait que certains africains deviennent un jouet aux mains de certains. Nous voulons intégrer le développement en Afrique. L’intérêt de l’Algérie pour le continent n’est pas celui des Occidentaux. L’intérêt des Occidentaux est géopolitique et militaire alors que le nôtre est fraternel. Les Africains ont besoin de notre aide », a-t-il ajouté.
Un nouveau directeur pour l’Agence algérienne de Coopération internationale
Il a indiqué que le montant d’un 1 milliard de dollars, qui constitue le budget de l’Agence algérienne de Coopération internationale pour la Solidarité et le Développement, sera dépensé selon un programme. Il a laissé entendre que ce montant pourrait être revu à la hausse.
Cette agence a été créée en vertu du décret n°20/42 du 11 février 2020.
« Deux directeurs n’ont pas fait bouger cette agence. Depuis plus d’une semaine, j’ai désigné un nouveau directeur actif à cette structure. Je pense que dans une semaine, les premiers ateliers seront ouverts. Un dispensaire, une école et un forage seront construits à Kidal, au Mali. Nous avons un projet de construction d’un lycée et d’une mosquée au Niger. Les projets de développement se feront en fonction des demandes de la population. Il s’agit de projets qui aident à améliorer les conditions de vie des gens. La plupart des demandes sont liées à la santé, à l’eau et à l’enseignement », a détaillé Tebboune. Il a estimé que les médecins algériens, « qui partent vers l’Europe », peuvent être mobilisés pour travailler en Afrique, « et être payés en devise aussi ».
« Nous voulons être présents d’une manière efficace en Afrique »
« Il était important que la voix de l’Algérie soit entendue en Afrique. Nous voulons être présents d’une manière efficace en Afrique. L’Algérie, qui est la troisième puissance économique, la deuxième puissance militaire, et qui a 100 universités, centres universitaires et écoles supérieures, n’a pas de présence en Afrique », a-t-il souligné.
Et d’ajouter : « Il fallait mener une bataille pour ouvrir une ligne maritime vers Dakar et une autre pour une route vers l’Afrique de l’Ouest, à travers la Mauritanie ».
Il a rappelé que l’Algérie a décidé d’ouvrir pour la première fois des lignes maritimes vers la Mauritanie, le Sénégal et la Côte d’Ivoire.
« Il s’agit de plaques tournantes. J’ai donné ordre pour créer des banques algériennes en Mauritanie, en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Peut être que dans deux ou trois mois, la première banque algérienne (en Afrique) sera ouverte à Dakar. Il y a des difficultés. Les gens ne sont pas habitués à cette présence algérienne en Afrique. C’est cela, le vrai redéploiement. L’économie algérienne a aujourd’hui tous les moyens de pénétrer le marché africain. Nous avons aujourd’hui des expositions permanentes (de produits algériens) à Nouakchott, à Dakar et à Abidjan », a-t-il détaillé.
7 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures
Le chef de l’Etat est revenu, dans la foulée, sur l’augmentation des exportations hors hydrocarbures, ces trois dernières années. « C’était un slogan depuis la Charte nationale de 1976 et même avant et après. Sortir de la dépendance des hydrocarbures est resté au stade du slogan. Pour la première fois, nous arrivons à cette indépendance. Nous avons exporté pour près de 7 milliards de dollars en 2022 alors que nous n’avons jamais dépassé le seuil de 1,8 milliards de dollars depuis l’indépendance du pays », a-t-il noté.
Et de poursuivre : « Notre objectif est d’atteindre la valeur de 13 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures. Cela veut dire qu’il existe une production nationale qui s’exporte. Aujourd’hui, nous exportons du ciment et de l’acier vers l’Europe et le rond à béton vers les Etats Unis et l’Afrique. Il faut continuer parce que l’acte d’exportation sous-entend une dynamique de production et de création d’emploi », a-t-il plaidé.