Le président Abdelmadjid Tebboune a défendu son homologue tunisien Kaïs Saïed, actuellement critiqué par l’opposition, et a évoqué les relations avec le Maroc.
« Nous soutenons le président tunisien parce qu’il a été élu par le peuple, il n’a pas pris le pouvoir par la force, n’a pas fait de coup d’Etat. Nous soutenons l’Etat tunisien à travers son dirigeant. Si nous soutenons des associations tunisiennes, cela veut dire que nous nous ingérons dans ses affaires internes », a-t-il déclaré lors d’une interview accordée à la chaîne qatarie Al Jazeera, diffusée mercredi 22 mars au soir.
« Nous n’allons pas abandonner la Tunisie. Il y a un complot contre la Tunisie, œuvre de plusieurs parties. Les choses se sont compliquées depuis que la Tunisie a accueilli Brahim Ghali, le président de la RASD« , a-t-il ajouté.
En août 2022, Brahim Ghali s’est rendu à Tunis pour participer aux travaux de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad 8). Il a été reçu à l’aéroport par Kaïs Saïed.
Rabat a immédiatement rappelé son ambassadeur à Tunis, accusant la Tunisie « d’hostilité ». Tunis a réagi en rappelant aussi son ambassadeur à Rabat en rejetant les accusations marocaines.
En Tunisie, l’opposition a accusé Kaïs Saïed de « dérive autoritaire » en raison de la récente arrestation de plusieurs militants politiques.
« Les frontières terrestres sont restées fermées pendant 43 ans »
Tebboune a regretté que les relations avec le Maroc aient atteint un niveau de rupture. L’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec son voisin de l’ouest en août 2021 accusant Rabat d’actes d’agression.
« En 60 ans d’indépendance, les frontières terrestres sont restées fermées pendant 43 ans. C’est plus qu’une signification. On a presque atteint le point de non retour. Notre position est une réaction », a-t-il déclaré à une question de la journaliste Khadija Benguenna.
L’Algérie a-t-elle des conditions pour rétablir ses relations avec le Maroc ? » Si des conditions nous étaient posées, nous aurions bien accueilli une intervention de pays frères pour une médiation. Il n’y a pas d’espace pour la médiation. Nous avons fermé les frontières, rompu les relations diplomatiques et fermé l’espace aérien pour ne pas arriver à l’irréparable. Et comme disent nos frères égyptien, « fermez la porte qui fait entrer le vent » , a répondu le chef de l’Etat.
Notre sécurité est menacée
Interrogé sur la situation en Libye et au Sahel, Tebboune a relevé que toutes nos frontières terrestres algériennes sont face à un défi sécuritaire. « Notre sécurité est menacée. Nous sommes encerclés. En tant que pacifistes, nous essayons de nous adapter à cette conjoncture internationale difficile et au voisinage », a-t-il averti.
Tebboune a qualifié les relations avec Qatar de « plus que bonnes ». « Nous avons une réelle fraternité. Entre moi et l’Émir Tamim, il y a une relation forte. L’Arabie Saoudite nous a soutenu durant la Révolution. Nous n’acceptons aucune atteinte à l’Arabie Saoudite, nous savons que ce pays est ciblé. Nous sommes toujours le premier pays à dénoncer les tentatives de porter atteinte au Royaume saoudien », a-t-il noté.
