Le président Abdelmadjid Tebboune a rappelé, samedi 5 août, que l’Algérie est opposée à tout engagement de troupes étrangères au Niger.
« Nous refusons totalement et catégoriquement toute intervention militaire au Niger. Les gens les plus sages observent aujourd’hui l’état des pays où des interventions militaires étrangères ont eu lieu par le passé. Des pays qui se débattent toujours dans des problèmes. Il n’y a qu’à voir la Libye ou la Syrie. L’intervention étrangère ne règle aucun problème », a déclaré le chef de l’Etat, lors d’une rencontre avec la presse nationale, diffusée par les chaînes de télévision publiques et privées. Il a estimé qu’il s’agit d’une menace directe à l’Algérie.
Tebboune a rappelé que deux pays voisins du Niger se sont engagés à participer aux combats. Le Burkina Faso et le Mali ont déclaré leur opposition à la menace de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) d’intervenir militairement au Niger pour rétablir le président Mohamed Bazoum à son poste. Ouagadougou et Bamako, où des coups d’Etat militaires ont eu lieu, soutiennent les nouvelles autorités installées à Niamey, après le coup de force contre le président Mohamed Bazoum, le 26 juillet 2023.
« Notre armée est prête à riposter à tous ceux qui se rapprochent de nos frontières »
Le Tchad a exprimé également son refus de participer à une intervention militaire au Niger privilégiant la voie diplomatique. « Faut-il incendier toute la région du Sahel ? Les choses se règlent avec la logique », a appuyé Tebboune.
« Notre armée est puissante et prête à riposter à tous ceux qui se rapprochent de nos frontières. Nous avons des rapports fraternels avec les pays voisins, des échanges commerciaux. Nous ne pouvons pas fermer toutes nos frontières avec notre voisinage. Aucune solution ne saurait se faire sans nous car nous sommes les premiers concernés (au Niger). Vous vous trompez si vous menacez de frapper », a déclaré le chef de l’Etat.
Et d’ajouter : « L’Algérie, depuis son indépendance à ce jour, n’a jamais provoqué l’effusion de sang dans un pays voisin et frère. C’est une position de principe. Nous avons refusé d’intervenir en Irak, au Yémen et dans tous les pays frères ou amis ».
Il a indiqué que l’Algérie peut intervenir au Mali mais pour alléger les problèmes économiques de la population. « Nous n’intervenons pas militairement. Qu’on comprenne une chose, l’Algérie n’utilisera pas de force contre ses voisins, jamais, quelles qu’en soient les circonstances », a-t-il dit.
Alger a condamné le coup d’Etat militaire contre Mohamed Bazoum et appelé à respecter l’ordre constitutionnel en permettant « au président légitimement élu » de retrouver son poste.
« Activer toutes les voies et moyens diplomatiques et pacifiques »
«Le retour à l’ordre constitutionnel doit impérativement s’accomplir par des moyens pacifiques qui éviteront au Niger frère et à l’ensemble de la région un surcroît d’insécurité et d’instabilité et à nos peuples un surcroît d’adversité et d’épreuve. En conséquence, l’Algérie met en garde et appelle à la prudence et à la retenue face aux intentions d’interventions militaires étrangères qui sont, malheureusement, considérées comme des options envisageables et utilisables alors qu’elles ne sont que des facteurs de complication et d’aggravation de la crise actuelle », a indiqué, mardi 1 août, un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
« Il est nécessaire d’activer toutes les voies et moyens diplomatiques et pacifiques, pour éviter le choix du recours à la force qui ne fera qu’exacerber la situation pour le Niger et la région toute entière », a déclaré Ahmed Attaf, ministre des Affaires étrangères, vendredi 4 août, après avoir reçu Baba Gana Kingibe, l’envoyé spécial du président du Nigeria, président en exercice de la CEDEAO.