L’Algérie cherche l’apaisement dans ses relations avec la France, selon le président Abdelmadjid Tebboune.
« Nous leur avons fait comprendre que l’Algérie n’abandonne pas la question de la mémoire. Une question qui peut être abordée par tous les moyens modernes. Et l’Histoire reste l’Histoire, personne ne peut la falsifier. Quelque soit la qualité de nos relations, la mémoire ne sera pas occultée. Nous n’oublierons pas ce qu’ont commis vos armées (françaises) en Algérie, les villages que vous avez effacé », a déclaré, jeudi 22 décembre, au soir, le président Abdelmadjid Tebboune, lors de l’interview périodique accordée à deux journalistes, diffusée sur les chaînes de télévision et de radio.
« Plusieurs aspects de nos relations ont été tranchés par les Accords d’Evian. Nous n’allons pas abandonner ces Accords. Ne vient pas aujourd’hui réduire la relation à la question des visas. Nous avons d’autres rapports. La relation avec le président Macron est bonne. Il s’est libéré du complexe de l’ex-puissance coloniale. Et nous, nous nous sommes débarrassés du complexe du colonisateur », a-t-il ajouté.
« Plus de cinq millions d’Algériens vivent en France, je ne peux pas les abandonner »
Le chef de l’Etat a indiqué que des gens ont profité de la crise avec la France, qui a débuté en 2021 après les déclarations du président Emmanuel Macron sur l’Histoire de l’Algérie et son existence en tant que nation avant la colonisation française à partir de 1830. Une crise qui s’est accentuée après la décision de Paris de réduire de 50 % le nombre de visas accordés aux Algériens pour protester contre le refus d’Alger de réadmettre des ressortissants algériens en situation irrégulière en France. Alger a justifié sa décision par des considérations sécuritaires et de vérification d’identité des personnes obligées de quitter le territoire français.
« Des gens et des catégories ont œuvré à porter atteinte à la réputation de l’Algérie en France et ailleurs. Plus de cinq millions d’Algériens vivent en France, je ne peux pas les abandonner. Il faut qu’on les rapproche de leur mère-patrie même s’ils travaillent ou sont en retraite en France. Nous voulons avoir de bons rapports avec ce pays pour que nos ressortissants puissent y vivre protégés en toute dignité », a-t-il détaillé.
Et de poursuivre : « sur le plan stratégique, la France est la cinquième puissance au monde, la première ou la deuxième en Europe. L’Algérie est aussi une puissance africaine. Il s’agit de deux Etats qui ont de l’influence en Méditerranéen. Ils ont de l’influence en Europe, nous sommes influents en Afrique. Nous pouvons nous entendre. Nous avons beaucoup de travail à faire ensemble ».
« Il ne faut plus nous voir avec le regard de 1962 »
Tebboune a estimé que la France ne doit pas renier l’existence de « génocides et d’enfumades » lors de la colonisation de l’Algérie. « C’est l’Histoire. Nous n’avons aucun complexe, mais nous devons traiter d’égal à égal entre Etats. Il ne faut plus nous voir avec le regard de 1962, sinon il faut porter des lunettes. Ces histoires-là, c’est fini ! », a-t-il dit.
Parlant de la coopération sécuritaire avec la France, le chef de l’Etat est revenu sur la réunion de haut niveau qui s’est tenue fin août 2022 à Alger en présence du président français et de plusieurs responsables militaires des deux pays. Cette réunion était la première du genre entre les deux Etats depuis l’indépendance de l’Algérie. « Cela veut dire qu’on traite les questions d’une manière sérieuse entre deux Etats. Ils ont leurs appareils sécuritaires, nous avons les nôtres. Nous ne voulons pas qu’il vous arrive du mal mais nous ne voulons que vous nous portiez du mal aussi », a-t-il appuyé.