Le président Abdelmadjid Tebboune a confirmé l’existence d’une médiation diplomatique algérienne pour résoudre la crise du grand barrage de la Renaissance.
« C’est une initiative algérienne à 100 %. Elle n’est dictée par personne », a déclaré le président Abdelmadjid Tebboune, lors d’une rencontre télévisée avec la presse, diffusée, dimanche 8 août au soir, par l’ENTV. Il annonce avoir eu une discussion avec la présidente et le Premier ministre éthiopiens avant la visite fin juillet 2021 du ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra à Addis Abeba.
Lamamra s’est déplacé également au Caire et à Khartoum.
Selon Tebboune, l’initiative de médiation algérienne a eu de bons échos auprès des responsables de trois pays concernés par la crise du grand barrage La Renaissance, en construction en Éthiopie sur le Nil bleu.
L’Egypte et le Soudan, situés en aval du fleuve, craignent une diminution des débits d’eau après le remplissage du barrage. D’où la tension actuelle.
« La médiation algérienne ne va pas s’arrêter »
« Le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas tranché ce dossier. Il a renvoyé la question devant l’Union africaine (UA). La médiation algérienne ne va pas s’arrêter. Nous allons réussir. J’en suis convaincu. Nous ne voulons aucune dividende. Seuls nous intéressent la fraternité et la stabilité en Afrique. Et le retour de l’Afrique dans le concert des nations », a précisé le chef de l’Etat.
Et d’ajouter : « Depuis le début, nous demandons à nos frères en Egypte, au Soudan et en Ethiopie à éviter la crise. L’Afrique a besoin de ces trois pays. Et chaque pays a raison dans ce qu’il avance (le droit sur l’eau). Il va falloir faire appel à la logique et au bon sens pour rassembler ces pays ».
« Tous les chefs d’Etat africains nous disaient où était passée l’Algérie ? »
Tebboune estime que la diplomatie algérienne retrouve sa véritable place. « Avant les années 1990, l’Algérie parlait au nom d’un tiers de l’humanité au sein des pays Non Alignés. Nous étions un Etat leader. Notre parole passait au sein de l’Assemblée générale de l’ONU. Nous avons fait entrer la Chine et chassé le régime de l’Apartheid. Il y a eu de la régression après, encouragée par ceux qui n’aiment pas la voix élevée de l’Algérie », a-t-il dit.
Il a cité une étude stratégique américaine datant de 1994 qui considérait que l’Afrique comptait trois États pivots, l’Algérie, l’Afrique du Sud et le Nigéria.
« Quand je suis parti à Addis Abeba (en février 2020), tous les chefs d’Etat africains nous disaient où était passée l’Algérie ? Ils réclamaient le retour de l’Algérie. Il n’était pas normal qu’on se taise alors que des problèmes existent dans notre voisinage, comme en Libye. La diplomatie algérienne était recroquevillée sur elle-même. Cela était inacceptable. Aujourd’hui, tous les africains demandent à ce que l’Algérie joue son rôle. Les étrangers reconnaissant la force d’influence de l’Algérie contrairement à certains algériens », a soutenu Tebboune.
« Nous avons donc repris les dossiers que nous devions prendre en charge, à savoir, la Libye, le Sahara occidental, la Palestine, l’Union africaine, etc. », a-t-il précisé.
Tebboune propose une rencontre à Alger entre le Maroc et le Polisario
Interrogé sur le dernier discours du Roi Mohammed VI du Maroc dans lequel il a appelé l’Algérie « à construire des relations bilétarales fondées sur la confiance », la président Tebboune a répondu que cela ne répondait pas à une demande algérienne sur les déclarations de l’ambassadeur du Royaume du Maroc à l’ONU sur « l’autodétermination de la Kabylie ».
« Un diplomate marocain a fait des déclarations très graves. Après cela, nous avons retiré notre ambassadeur à Rabat. Nous avons dit que nous irons loin. Nous n’avons pas reçu de réponse », a déclaré Tebboune.
Le 16 juillet 2021, Alger a qualifié de « dérive dangereuse » la déclaration de l’ambassadeur marocain. « Dans la situation ainsi créée par un acte diplomatique douteux commis par un ambassadeur, l’Algérie, République souveraine et indivisible, est en droit d’attendre une clarification de la position définitive du Royaume du Maroc sur cet incident d’une gravité extrême », a précisé le ministère des Affaires étrangères.
« Ce n’est pas moi qui le dis, mais tous les pays y compris les Etats Unis, le dossier du Sahara occidental est entre les mains des Nations Unies au niveau du comité de décolonisation. Nous sommes des observateurs. Nous pouvons les aider à régler le problème. Nous sommes prêts à abriter ici en Algérie une rencontre entre eux (Maroc et Polisario). Qu’ils soient les bienvenus. Nous utiliserons tous les moyens pour régler ce problème, avec l’accord de tous. Nous n’allons pas imposer une décision aux Sahraouis », a proposé le chef de l’Etat.
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