Le président Abdelmadjid Tebboune a expliqué la non application sur le terrain de certaines instructions et la persistance de la bureaucratie par l’existence « d’une contre-révolution ».
« Il y a une contre-révolution avec de l’argent sale et en complicité avec ceux qui sont en détention (les anciens ministres de Bouteflika et les hommes d’affaires, ndlr). Nous sommes là pour les affronter, ils ne peuvent pas réussir. Je vais empêcher ceux qui sèment le désespoir. Ils vont le payer cher », a-t-il menacé, lors d’une rencontre avec la presse, diffusée lundi 1 mars au soir par les chaînes de télévision et de radio.
Selon lui, les banquiers qui refusent d’octroyer des crédits « sous prétexte qu’on leur demande des comptes » font partie de cette contre-révolution.
« Certains sèment la peur parmi la population »
« Certains sèment le doute et la peur parmi la population, ont même dit aux gens de ne pas voter lors du référendum sur la Constitution (le 1 novembre 2020) en leur faisant croire que j’étais parti sans retour. Ils ne ratent aucune occasion pour faire peur aux gens. Il n’est pas normal qu’il n’ait pas d’investissement aussi », a-t-il dit en évoquant l’existence « d’une minorité agissante » qui serait « poussée de l’extérieur ».
Interrogé sur la désignation de Salah Goudjil, 91 ans, à la tête du Conseil de la nation, malgré le discours sur la participation des jeunes dans la vie politique, Abdelmadjid Tebboune a eu cette réponse : « si j’étais intervenu dans le Sénat, cela voudrait dire qu’il n’y a pas de changement. Plus des deux tiers du Sénat ont voté pour lui par levée de main ».
« Il n’y a pas de détenus d’opinion »
Concernant la décision de gracier et de libérer provisoirement des activistes du hirak et des blogueurs, Abdelmadjid Tebboune a critiqué ceux qui ont cru comprendre « que cette décision était l’expression d’une faiblesse ».
« Celui qui entre dans cette logique va à sa propre destruction. A part deux ou trois, il n’y a pas de détenus d’opinion. Il y a des détenus de la diffamation, de l’insulte et de l’outrage. Ils ont insulté et diffamé les institutions de l’Etat. Malgré cela, nous avons dit, à partir d’une position de force, qu’il fallait pardonner et entrer dans une nouvelle phase », a-t-il déclaré.
Il a invité les opposants à participer aux élections législatives anticipées pour entrer au Parlement. « A l’intérieur du Parlement, constituez des commissions d’enquête, faites tomber la loi proposée par le président…Vous aurez la force légale et constitutionnelle pour affronter et s’opposer. Nous allons faciliter la participation des jeunes et éloigner l’argent qu’il soit propre ou sale. Les prochaines élections n’auront aucun rapport avec le passé », a-t-il promis.
Élections législatives et des APW le même jour ?
Tebboune a évoqué le projet de la tenue d’élections législatives et des APW (Assemblées populaires de wilayas) le même jour. « Nous pensons organiser les élections des APW le même jour que les législatives. C’est une demande de la classe politique. Nous n’avons pas encore décidé, mais j’estime qu’elle a raison », a-t-il dit.
La prochaine loi électorale a été faite, selon lui, pour faire émerger des gens propres et honnêtes. Interrogé sur la probabilité d’une forte abstention lors des prochaines élections législatives, le chef de l’Etat a indiqué qu’il n’ y a pas de seuil minimal de participation aux élections dans la Constitution pouvant invalider un scrutin.