Le metteur en scène Mohamed Tayeb Dehimi, le comédien Djamel Dekkar et le réalisateur Ali Aissaoui ont été honorés, samedi 11 juin, au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (TNA) à Alger.
L’événement a été organisé par l’Association du 3ème millénaire avec le soutien du TNA et de l’ONDA (Office national des droits d’auteurs et des droits voisins).
“Jusqu’à aujourd’hui, nous avons honoré 155 artistes algériens. Les artistes que nous accueillons aujourd’hui ont beaucoup donné à la scène artistique algérienne, au théâtre, à la télévision et au cinéma. Nous voulons qu’ils soient heureux. Ce qu’ils ont semé n’est jamais perdu. Il y a une génération qui prend le relais et qui leur est reconnaissante”, a déclaré Sidali Bensalem, président de l’Association.
Mohamed Tayeb Dehimi, qui a mis en scène plusieurs pièces de théâtre, a estimé que l’hommage rendu au TNA est le début d’une reconnaissance.
“Cela nous fait chaud au coeur mais l’important est de continuer de travailler. L’artiste ne meurt qu’avec l’arrêt de son travail”, a-t-il déclaré.
“Il faut aussi libérer les espaces…”
L’entreprise théâtrale connaît, selon lui, une crise. “Il faut revoir de fond en comble le fonctionnement de l’entreprise théâtrale, le mode de fonctionnement, réduire le pouvoir de l’administration, ouvrir des perspectives avec les artistes. Il faut s’ouvrir sur l’environnement, sur l’université, sur les gens qui pratiquent le théâtre. Il faut aussi libérer les espaces des théâtres, des centres culturels, des maisons de culture…La culture ne peut pas évoluer avec des actes bureaucratiques délirants”, a regretté Mohamed Tayeb Dehimi qui est également comédien.
“Actuellement, je travaille avec des jeunes. J’ai trois projets avec des associations. J’invite des formateurs à assurer des séances avec les jeunes intéressés par le théâtre. Je fais aussi appel aux jeunes pour faire de l’assistanat (du metteur en scène) pour leur montrer comment monter un spectacle”, a-t-il ajouté.
Mohamed Tayeb Dehimi, qui a rejoint le Théâtre régional de Constantine en 1978, a participé à 24 pièces et écrit une quinzaine de textes dramatiques.
“Le théâtre doit aider à mieux comprendre le monde actuel”
Djamel Dekkar a salué, pour sa part, l’initiative prise par l’association de Sidali Bensalem.
“Nous sommes à l’automne de nos vies. Nous allons continuer à appuyer les jeunes artistes avec les conseils, la présence, le débat, l’échange sur l’avenir du théâtre algérien. Le théâtre est un instrument de lutte. Il doit être la voix du peuple. Chez nous, le théâtre a du mal à s’émanciper. Le théâtre doit aider à mieux comprendre le monde actuel”, a-t-il plaidé.
Ali Aissaoui, réalisateur de télévision spécialisé en théâtre, s’est dit ravi de se retrouver honoré sur la même scène où ont évolué Mustapha Kateb et Mahieddine Bachtarzi.
“Cet hommage est celui rendu à un parcours. J’ai commencé à la télévision en 1979. J’ai assuré plus de 1200 productions. Aujourd’hui, je ne suis plus à la télévision, plus derrière la caméra. Mon émission “Fad’aat al masrah” (les espaces du théâtre) a été arrêtée après mon admission à la retraite. Cet hommage me réconforte pour faire autre chose. Je peux encore donner”, a confié Ali Aissaoui.
Il souhaite la reprise de son émission “Fad’at al masrah” à l’ENTV. “Il y a encore beaucoup de thématiques à développer avec des artistes, des chercheurs, des journalistes sur le théâtre algérien. Le principe de l’émission est de se déplacer vers les lieux où les spectacles se font”, a-t-il relevé.
La cérémonie d’hommage a été animée par les chanteurs Karima Saghira, Didine Karoum, Mustapha Izorane, Nadia Guerfi, Abdelaziz Benzina ainsi que la troupe Aissaoua de Constantine.
En juillet 2022, l’Association du 3ème Millénaire, qui existe depuis 2001, envisage d’organiser un hommage au chanteur d’expression kabyle Akli Yahyaten, aujourd’hui âgé de 89 ans.
