Théâtre: « Tinisem », une légende saharienne sur la révolte d’une femme trahie

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Théâtre: "Tinisem", une légende saharienne sur la révolte d'une femme trahie
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« Tinisem » est la première pièce présentée à l’ouverture, mercredi 15 décembre, des 10 ème Journées théâtrales du sud, organisées à Djelfa jusqu’au 19 décembre 2021.


Mise en scène par Abdelkader Rouahi et produite par l’Association culturelle des arts dramatiques d’Adrar, « Tinisem, el likaa al akhir » (Tinisem, la dernière rencontre) est une pièce inspirée d’une légende de Tamentit, dans la région du Touat-Gourara, dans le sud-ouest algérien.


Dans les anciens temps, une femme de confession juive, trahie par son époux,  s’est révoltée en versant dans la violence. Elle attaquait les hommes, tous infidèles à ses yeux.
Chadi Laïd a construit autour de cette légende saharienne un texte dramatique qu’Abdelkader Rouahi a adapté aux planches dans une forme qui se rapproche de la tragédie.


Le Palais rouge

Hatane (Khaled Habibi) découvre qu’il est un enfant illégitime dans un endroit appelé « El kasr al ahmar » (le Palais rouge), un clin d’œil aux ksours de Timimoun et d’Adrar.


Pris de doute, il tente de se révolter en ayant les mains attachées à des crotales (karkabous). Il rencontre Tinisem (Milouda Wathik) qui représente le mal en personne, la mauvaise conscience sociale, mais qui lui annonce une terrible nouvelle.
Tinisem sera confrontée aussi à Thakeb (Chadi Laïd), l’infidèle, et à Badr Doudja (Fatima Zenani), la femme par qui le scandale est arrivé. Toute la trame de la pièce est construite autour de l’idée de la trahison et de la jalousie


Les dialogues sont intenses, agressifs, violents, menaçants, douloureux, émus…Tous les sentiments y passent.

Une pièce bavarde

Pièce trop bavarde, « Tinisem » est alourdie par une narration surchargée, une action limitée, un rythme chancelant, des monologues longs et une scénographie marquée par le sceau du déjà vu. Des banderoles, des costumes en couleurs opposées (noir/blanc), bkhours, rideaux transparents, le sceau d’eau…Les ingrédients habituels du théâtre du rituel.


« Nous voulons que notre patrimoine locale soit présent dans le théâtre. Dans la pièce, il y a du rythme musical et des rites spirituels d’Adrar », a souligné Djelloul Haddad qui a conçu la scénographie.


« Pourquoi lier la tragédie à l’absence de lumières ? »

La volonté de « séparer » la scène en deux espaces, réel et virtuel, est louable, mais pas suffisante pour donner à l’esthétique une forme contemporaine, nouvelle.
En dépit de tous les efforts fournis, les comédiens ont usé et abusé des cris sur scène s’éloignant souvent des codes de la tragédie. Le déplacement sur les planches s’est fait d’une manière quelque peu chaotique sans que cela soit l’expression d’une réelle création, ni la traduction de l’action-réaction. Le metteur en scène s’est amusé à construire-déconstruire le récit en prenant le risque de faire perdre les repères à son spectateur. En termes plus simples, il a oublié le spectateur.


La noirceur dominante dans la pièce a provoqué l’agacement de la critique et universitaire, Djamila Zegaï. « Pourquoi donc lier la tragédie à l’absence de lumière ? Faut-il avoir du noir partout, pleurer et crier pour croire à la tragédie? Et est-ce que l’idée proposée dans la pièce est nouvelle ? », s’est-elle demandée lors du débat sur la pièce, premier du genre depuis la création du Théâtre régional Ahmed Benbouzid de Djelfa en 2017.


« Les dialogues étaient longs mettant la pression sur les comédiens obligés de ne rien oublier. Ils accélèrent leur jeu par peur de sauter des passages du texte », a souligné Djamila Zegaï.


« Education vocale »


Elle a trouvé des traces d’Othello ou le Maure de Venise, la célèbre tragédie de William Shakespeare dans « Tinisem » surtout concernant « la jalousie fatale » qui a provoqué la mort de Desdémone, l’épouse d’Othello.
Djamel Guermi, metteur en scène et directeur artistique au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi d’Alger (TNA), a invité les comédiens à s’intéresser à « l’éducation vocale » dans la mesure où parfois durant la pièce, la voix n’arrivait pas suffisamment aux spectateurs.


Abdelkader Rouahi s’est défendu d’avoir repris les expressions du rituel dans son spectacle comme les bkhours ou l’eau. « La réconciliation de l’homme avec lui-même est une forme de rituel aussi. C’est la troisième représentation de la pièce. Le spectacle est toujours en chantier, nous allons continuer à y travailler. Je suis d’accord avec l’idée que les monologues sont trop longs. Il va falloir les alléger et simplifier un peu le récit », a-t-il dit lors du débat. 

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