« Tikoubaouine » , les bluesmen du désert qui chantent l’Assouf

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"Tikoubaouine" , les bluesmen du désert qui chantent l'Assouf
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Le groupe Tikoubaouine a animé la soirée de clôture du 13 ème Festival national de musique Diwane d’Ain Sefra.


Le jeune public du stade Mohamed Arfaoui de Ain Sefra, au sud de Naâma, ne voulait pas lâcher les musiciens de Tikoubaouine, tous de blanc vêtu,  à la fin d’un concert riche en couleurs et en émotions, jeudi 21 octobre au soir. Le groupe a interprété avec beaucoup d’assurance et de présence des titres connus comme « Hilala », « Mesakou », « Aytma », « Tarha », « An Yeddinet », « Irilan aman »…


« Ligh Ezzaman », la chanson la plus célèbre de ce groupe de Tamanrasset et d’Adrar, a provoqué un petit vent de joie dans les gradins. Les présents ont immortalisé le moment musical avec leurs smartphones.


« Notre but est de propager l’amour, la paix et la positivité entre les gens. « Ligh Ezzaman » évoque le véritable amour entre frères, amis, époux et gens. Nous aspirons toujours à un avenir meilleur et à de meilleures conditions de vie », explique Said Benkhira, guitariste et chanteur.


Le vivre ensemble


« Cela fait longtemps, depuis des années, que je cherche l’amour dans mon pays, ô mes amis. Où se trouve-t-il ? Ou n’existe-t-il pas? la question reste posée », est-il chanté dans « Ligh Ezzaman ».


« Riwaya », chanté avec le groupe algérois El Dey, et sortie fin décembre 2020, a également été interprétée pour la première fois sur scène. « Riwaya », qui ressemble à une balade romantique, évoque également l’amour, la passion pour l’être aimé et le vivre ensemble.


Tikoubaouine, qui existe depuis 2010, revendique le style Assouf que certains assimilent à tort à l’Ishumar, genre attribué aux jeunes chômeurs du grand sud qui avaient « rompu » avec les instruments traditionnels pour « faire parler » la guitare électrique.


L’Assouf a été rendu célèbre mondialement grâce au groupe malien Tinariwen, groupe né à Tamanrasset, à la fin des années 1980.


Le tindi moderne


« En targui, Assouf signifie solitude ou nostalgie. Ce style est sorti du tindi. C’est du tindi moderne. On l’appelle aussi le blues du désert », précise Saïd Benkhira.


En plus de Said Benkhira, Tikoubaouine est composé de Hocine Deggar, à la guitare électrique, Abdelhafidh Oumari, à la bass, et Djaber Asserir, au jenbé.


« La base de notre percussion est le tindi, nous avons introduit le jinbe. Une manière de faire du brassage entre cultures et rappeler que par le passé les peuples africains vivaient ensemble, faisaient de l’échange », souligne Saïd Benkhira
Tikoubaouine a déjà produit deux albums « Dirhan » (le souhait) en 2016 et « Ahney » (vision) en 2020, sortis en Algérie et en France. Le groupe, qui ajoute aux sonorités sahariennes des notes rock et blues, a animé plusieurs concerts en Algérie, au Canada et en France.  


« Nous chantons en tamacheq et en arabe puisque notre public est de plus en plus large. Notre musique est ouverte, nous pouvons ajouter d’autres instruments comme le guembri. L’essentiel est de rester dans l’authenticité du style saharien. Cela est valable pour des musiques comme le malouf, le hawzi ou le chaâbi. L’âme de la musique doit être sauvegardée », détaille Said Benkhira.


Appel pour la reprise du festival de arts de l’Ahaggar de Tamanrasset


Il confie que Tikoubaouine, dont le nom signifie un ensemble d’épées (takouba au singulier en tamacheq),  marche sur les traces de Tinariwen.


Il rappelle aussi que Abraybone ou Ibrahim ag Alhabib, fondateur et leader de Tinariwen, est un enfant de Tamanrasset : « Nous voulons continuer sur la voie de Tinariwen. Nous sommes les épées de la paix. Nous préparons un troisième album qui pourrait sortir aux Etats Unis, nous sommes en contact avec les producteurs ».


Said Benkhira revendique la reprise du Festival culturel international des arts de l’Ahaggar Tin Hinan Abalessa de Tamanrasset.


Ce festival a été gelé depuis quelques années par l’ancien ministre de la Culture Azzeddine Mihoubi « pour des considérations techniques ». En décembre 2020, Malika Bendouda, ex-ministre de la Culture et des Arts, a annoncé le retour de ce festival, la seule grande manifestation culturelle organisée dans le sud algérien.


 « La manifestation permettra de promouvoir le produit culturel et le patrimoine inestimable de cette région millénaire », a-t-elle déclaré.


Mais, officiellement, aucune décision n’a été prise pour la reprise de ce festival qui, par le passé, avait accueilli de grands noms de la scène musicale africaine.

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