Le rideau est tombé sur la 13e édition du Festival international du théâtre de Béjaïa, dans une ambiance mêlant émotion et festivité. La cérémonie de clôture, qui s’est tenue vendredi soir devant un public record, a réuni des professionnels du théâtre venus de divers horizons, qu’ils soient étrangers ou nationaux.
Parmi les moments forts de cette soirée, la proclamation poétique des vers de Ghassan Kanafani et Mahmoud Darwich par le duo Mohamed Bacha et Alaa Abou Gharbiah longuement applaudi par le public nombreux qui a assisté à la cérémonie de clôture au théâtre de la ville, Abdelmalek Bouguermouh.
L’autre pic de la soirée, est l’hommage rendu à la comédienne Fatima Hlilou a marqué les esprits. Après cinquante ans de carrière consacrée au théâtre, à la télévision et au cinéma, Fatima Hlilou a été célébrée pour son immense contribution à l’art. Slimane Benaïssa, commissaire du Festival, a salué cette carrière exemplaire. « Fatima Hlilou incarne un modèle pour tous les artistes du 4e art, par sa rigueur et la richesse de son répertoire», a-t-il soutenu.
Très émue par ces mots, l’artiste a exprimé sa gratitude envers ceux qui l’ont soutenue tout au long de son parcours, en évoquant ses débuts dans les théâtres de Annaba et Constantine. Un film retraçant sa vie artistique a été projeté à cette occasion, suscitant une ovation unanime du public qui s’est levé pour lui rendre hommage, dans un élan de respect et d’admiration.
Fatima Hlilou, visiblement touchée par cette intention bienveillante a affirmé que «cet hommage restera gravé à jamais dans ma mémoire».
D’autres hommages ont également été rendus, notamment à la presse nationale pour son rôle dans la promotion de la culture et du théâtre. Deux journalistes, le correspondant local de l’APS, Abdelkader et Fayçal Métaoui du journal électronique 24H Algérie ont été distingués pour leur engagement et couvertures exemplaires des activités culturelles.
Carole Le Blanc, Hala Ghosn et Erwane Dujardin, les encadreurs des master class de cette 13e édition, dont le travail a été salué par les organisateurs, ont également été célébrés.
« Frémologie » pour une remise en cause des rapports hommes-femmes
La pièce jordanienne « Frémologie », mise en scène par Al-Hakem Messaoud, était la dernière représentation à la 13 édition des FITB. La pièce aborde des thématiques profondes, remettant en question les normes sociales dominantes qui façonnent négativement les rôles de la femme et de l’homme. Ce drame diodramatique, interprétée brillamment notamment par l’actrice tunisienne Wahida al Dridi, dépeint la tragédie d’une femme qui, en tant que femme de ménage, subvient aux besoins de son foyer, tout en supportant un mari oisif, persuadé de sa supériorité en raison de conventions sociales patriarcales.
Le mari, bien qu’il vive du labeur de sa femme, nourrit un sentiment de supériorité, illustrant un paradoxe cruel et percutant. Le metteur en scène explique que la pièce vise à déconstruire les clichés négatifs entourant les rôles de genre dans la société, et en particulier à dévoiler la souffrance des femmes sous le poids de ces conventions.
Sur scène, trois cadres en bois symbolisent les barrières imposées aux protagonistes par la société, que les deux personnages tentent de démonter au fil de la pièce, reflétant leur désir d’échapper aux restrictions sociales. Ces cadres représentent non seulement les rôles contraints de l’homme et de la femme, mais également d’autres structures sociales aliénantes qui doivent être démantelées.
Le dialogue, intense et plein de tensions, traduit l’angoisse des personnages face aux stéréotypes auxquels ils sont confrontés. En filigrane, les répliques ouvrent la porte à de multiples interprétations, laissant place à la réflexion sur la manière dont la société modèle et limite les aspirations individuelles.
La 13e édition du Festival international du théâtre de Béjaïa s’achève donc sur une note positive, célébrant la richesse du théâtre et rendant hommage à ses figures les plus marquantes, tout en ouvrant de nouvelles perspectives pour la scène artistique algérienne.