Ahmed Attaf, ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, était en tournée africaine. Il a visité ces derniers jours la République centrafricaine, le Cameroun, le Bénin et le Congo-Brazzaville.
A Brazzaville, le chef de la diplomatie algérienne a évoqué, mercredi 8 janvier 2025, ‘le caractère exemplaire » des relations de concertation et de coopération liant l’Algérie à la République du Congo, après une audience que lui a accordée le président Denis Sassou-N’Guesso. Ahmed Attaf a remis une lettre écrite du président Abdelmadjid Tebboune à son homologue congolais.
« Cette audience s’inscrivait, précisément, dans la poursuite de cette vielle tradition de coopération et de concertation qui caractérise les rapports entre nos deux pays. Nous avons fait un tour d’horizon de la relation bilatérale qui se porte bien. Elle est en bonne dynamique et gagne en substance. Nous avons, ensemble, fait une évaluation de l’état de cette relation et ensuite, tracé d’autres perspectives plus prometteuses encore », a-t-il déclaré à la presse congolaise, après l’audience.
Il a cité la coopération dans les domaines de l’énergie, des mines, de la géologie, des affaires territoriales et de la formation. « Il y a des perspectives qui sont actuellement examinées comme la réouverture de la ligne aérienne qui est sur notre agenda et fait l’objet de discussions entre nos ministères concernés. Nos relations commerciales gagneraient à être redynamisées. Il y a beaucoup à faire en ce qui concerne nos relations bilatérales », a-t-il dit.
Elargir la représentation de l’Afrique au sein du Conseil de sécurité de l’ONU
La lettre envoyée par le chef d’Etat algérien à son homologue congolais traite, selon lui, des grands défis auxquels l’Union africaine doit faire face dans le futur. Il s’agit de l’adhésion au G20 (forum intergouvernemental d’économies développées), de l’amélioration de la représentation africaine au sein du Conseil de sécurité des Nations unies.
L’Afrique revendique deux sièges permanents au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. C’est le seul continent qui n’est pas représenté au sein de cette institution. Il s’agit aussi d’avoir deux sièges supplémentaires de membres non permanents.
« Il y a aussi l’appropriation africaine des missions de sécurité et de paix en Afrique, la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), et une meilleure représentation de l’Afrique au sein des institutions économiques et financières internationales. Ces sujets font l’objet de concertations et d’échange de vues entre les chefs d’Etat pour qu’ensemble, algériens et congolais, pouvons contribuer à relever ces défis et faire face aux enjeux. Cette concertation est permanente et régulière. Elle permet de définir les perspectives de travail collectif pour l’avenir », a soutenu Ahmed Attaf.
Il a salué les efforts « considérables et l’énergie immense » déployés par Denis Sassou-Nguesso, président actuel du Comité de haut niveau de l’Union africaine pour la Libye, en vue de trouver une solution à la crise politique et sécuritaire dans ce pays.
« La situation en Libye reste difficile »
Début décembre 2024, Denis Sassou-Nguesso a visité la Libye où il a rencontré toutes les parties à Tripoli et Benghazi. Le comité de haut niveau de l’Union africaine pour la Libye espère obtenir, en février 2025, la signature d’une charte de réconciliation libyenne, lors du sommet des chefs d’États africains, prévu à Addis Abeba, en Ethiopie.
« La crise libyenne dure depuis 2011. Plus de 14 ans sont passés, sans avoir vu le bout du tunnel. La situation en Libye reste difficile mais je crois qu’algériens et congolais sommes sont d’accord sur au moins trois conditions indispensables pour le règlement de cette crise. D’abord, le règlement de cette crise est l’affaire de tous les libyens, tous les libyens doivent trouver leur place et déployer leur génie et leurs efforts pour parvenir à une réconciliation nationale. C’est un point de convergence absolument important entre les algériens et les congolais, a-t-il soutenu.
Et d’ajouter : « le deuxième point, c’est que le dénouement de la crise libyenne sera l’œuvre d’un processus électoral que préparent les Nations unies, en étroite coordination avec l’UA et avec le président Sassou-N’Guesso ».
Pour ce qui est du troisième point, Ahmed Attaf a évoqué la nécessité de mettre fin « des interférences étrangères parce qu’elles sont des éléments de complication de la recherche d’une solution à la crise en Libye ».
Coordination avec le Bénin sur les échéances prévues au niveau continental
« Comme vous voyez, il y a une absolue symbiose entre l’Algérie et le Congo sur les conditions du règlement de la crise libyenne. La recherche de la solution est difficile, reste consommatrice d’énergie et d’efforts mais je crois que congolais et algériens, nous ne manquons ni d’énergie ni d’efforts », a déclaré le chef de la diplomatie algérienne.
Ahmed Attaf, s’est entretenu aussi à Brazzaville, avec le ministre des Affaires étrangères de la République du Congo, Jean-Claude Gakosso. « Cette rencontre a été l’occasion d’examiner les moyens permettant de maintenir la dynamique positive marquant les relations entre les deux pays frères, à la lumière de l’intérêt particulier que leur portent les présidents des deux pays, notamment dans les domaines de la défense, de l’intérieur, de l’énergie, des mines, du transport aérien, du commerce et de l’enseignement supérieur », a précisé le ministère algérien des Affaires étrangères.
Mercredi 8 janvier au soir, Ahmed Attaf, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, a effectué une visite officielle au Bénin, en qualité d’envoyé spécial du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. A Cotonou, il a eu des entretiens avec son homologue Shegun Bakari, sur les voies et moyens de promouvoir la coopération entre les deux pays africains. « Les deux parties ont également abordé les développements de la situation dans leur espace d’appartenance commun et la coordination concernant les échéances prévues au niveau continental », est-il précisé.
Mardi 7 janvier, le chef de la diplomatie algérienne était à Yaoundé au Cameroun où il a également remis une lettre du président Abdelmadjid Tebboune à son homologue Paul Biya. « Le président Paul Biya a instruit le ministre d’Etat, Secrétaire général de la présidence de la République camerounaise de recevoir en son nom cette lettre. Je ne crois pas divulguer la teneur de la lettre en disant que celle-ci se rapporte essentiellement aux voies et moyens de consolidation de notre relation bilatérale », a déclaré à la presse Ahmed Attaf.
Relance de la coopération avec le Cameroun
La relation entre les deux pays a besoin, selon lui, d’une nouvelle dynamique, d’une substance plus grande. « La visite de mon frère le ministre des Affaires étrangères camerounais à Alger et mon séjour aujourd’hui à Yaoundé ont précisément pour objectif, avec la bénédiction de nos deux chefs d’Etat, de procéder à une relance de cette coopération dans toutes ses dimensions. La relance souhaitée par les deux Etats passe par l’actualisation, et la modernisation de son encadrement juridique et institutionnel, avec l’identification de priorités qui permettent une interaction algéro-camerounaise réaliste, pragmatique et ambitieuse. Il est également question de faciliter la mise en contact de nos opérateurs économiques », a-t-il détaillé.
Il a indiqué que l’Algérie et le Cameroun entendent renforcer leur partenariat dans plusieurs secteurs comme la santé, l’énergie et les transports. « Nous envisageons ensemble, camerounais et algériens, son extension à travers une desserte maritime, après la desserte aérienne. Il y a le domaine de l’agrumiculture qui a été identifié comme un autre secteur prioritaire ainsi que les domaines de l’enseignement supérieur et de l’enseignement professionnel », a-t-il souligné.
Il a rappelé que 2000 jeunes camerounais ont étudié et obtenu des diplômes universitaires en Algérie.
Plus globalement, Alger et Yaoundé défendent les causes africaines aux avant-postes, selon Ahmed Attaf. « Et dans une conjoncture internationale particulièrement troublée, les causes africaines à défendre se multiplient, gagnent en acuité et exigent de notre part une grande vigilance, un plus grand engagement et surtout des énergies inépuisables parce que ces causes sont justes, légitimes et répondent à nos intérêts africains les plus fondamentaux », a-t-il dit.
Alger salue le « recouvrement de la stabilité » en République centrafricaine
Lundi 6 janvier, Ahmed Attaf était à Bangui où il a remis une lettre du président Abdelmadjid Tebboune à son homologue centrafricain, Faustin-Archange Touadéra.
«Nous apprécions hautement les décisions qui viennent d’être prises et qui reconnaissent ce recouvrement de la stabilité dans ce pays frère, dont la levée de l’embargo sur les armes et l’embargo sur le commerce des diamants, ainsi que la présidence de la communauté des Etats de l’Afrique centrale et le rôle que joue la Centrafrique dans la stabilisation et la sécurisation dans le pays frère du Gabon. Tous ces éléments prouvent que les frères et sœurs de la Centrafrique ont retrouvé confiance en elle», a déclaré le chef de la diplomatie algérienne.
En juillet 2024, le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé de lever l’embargo sur les armes imposé à la République centrafricaine (RCA) depuis 2013.
Ahmed Attaf a indiqué avoir abordé avec le président Faustin-Archange Touadéra les grands dossiers africains « qui sont d’une singularité et d’une sensibilité extrême et qui nécessitent la coordination entre tous les pays africains, en particulier entre la République centrafricaine et l’Algérie ». « Le président de la république centrafricaine est en étroite harmonie, en étroite symbiose avec son frère le Président Abdelmadjid Tebboune sur la sensibilité de ces dossiers et je crois pouvoir dire qu’ils sont convenus d’ouvrir cette concertation sur l’ensemble de ces dossiers qui sont d’une importance capitale pour l’Afrique», a-t-il noté.
Il a abordé aussi les prochaines échéances africaines, comme le renouvèlement de la Commission de l’Union africaine. « Un renouvèlement que nous souhaitons de part et d’autre, Algériens et Centrafricains, comme allant dans le sens qui nous permette de prendre de la meilleure manière qui soit le défis auxquels nous sommes confrontés en tant qu’Africains. Nous formons le vœu, que je crois partagé entre nos deux présidents, que cette nouvelle commission, qui sera portée pour conduire les destinées de l’Union africaine pour les années à venir, serait à la hauteur de ces défis et qu’elle saurait défendre nos priorités, nos ambitions et nos objectifs partagés», a soutenu le chef de la diplomatie algérienne.