Les Etats-Unis sont convaincus que les Russes vont attaquer l’Ukraine alors que les efforts diplomatiques peinent à réduire l’intensité de la crise.
Le samedi 12 février, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a discuté par téléphone avec Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, sur une nouvelle action militaire contre l’Ukraine « dans les prochains jours ».
« Le secrétaire a précisé qu’une voie diplomatique pour résoudre la crise restait ouverte, mais qu’il faudrait pour cela que Moscou désamorce les tensions et s’engage dans des discussions de bonne foi. Il a réitéré que si Moscou persistait sur la voie de l’agression et envahissait davantage l’Ukraine, la réponse transatlantique serait résolue, massive et unie », est-il précisé dans un communiqué du Département d’Etat.
Dimanche 13 février, le président américain Joe Biden a discuté pendant presque une heure avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky pour poursuivre ces efforts diplomatiques.
Lundi 14 février, le nouveau chancelier allemand, Olaf Scholz, se déplace en Ukraine, pour discuter avec Volodymyr Zelensky « de la menace d’une invasion russe du pays ».
« Nous attendons de Moscou des signes immédiats de désescalade. Une nouvelle agression militaire aurait de lourdes conséquences pour la Russie », a déclaré Olaf Scholz. L’Allemagne craint aussi pour ses intérêts énergétiques étant approvisionnée en gaz naturel à presque 50 % par la Russie.
Volodymyr Zelensky, un président sans expérience politique
Sans expérience politique, Volodymyr Zelensky, acteur et humoriste, est président de l’Ukraine depuis mai 2019 au nom du parti populiste « Serviteur du peuple », qui reprend le titre d’une émission télévisée diffusée en 2015.
Volodymyr Zelensky, qui a choisi Bruxelles pour sa première visite à l’étranger après son élection, est favorable à l’intégration de l’Ukraine au sein de l’OTAN et de l’Union européenne, la capitale belge abrite ces deux organisations.
Pour faire simple, Moscou ne veut pas que l’OTAN, Organisation Transatlantique nord, se rapproche trop de ses frontières. Déjà que trois pays riverains de la mer noire sont membres de l’OTAN. Il s’agit de la Turquie, de la Bulgarie et de la Roumanie. L’Ukraine a également une ouverture sur la mer noire. En 2014, la Russie a annexé la Péninsule de la Crimée, située au sud de l’Ukraine, à ses territoires. Une importante base navale russe se trouve à Sébastopol au sud de la Crimée.
Manœuvres militaires en mer noire
En novembre 2021, l’OTAN a engagé des manœuvres aériennes dans la Mer noire en utilisant des avions de reconnaissance. Durant la même période, deux navires américains ont avancé vers cette zone.
« Le ministère russe de la Défense considère l’activité militaire des Etats- Unis et de leurs alliés dans la région de la Mer noire comme une étude d’un théâtre d’opérations militaires potentielles dans le cas où l’Ukraine préparerait une solution militaire au conflit dans le sud-est. Le fait de mener ces exercices imprévus près de nos frontières constitue une action agressive de la part des Etats Unis qui n’est absolument pas provoqué par la Russie et qui constitue une menace pour la sécurité régionale et la stabilité stratégique », a déclaré Igor Konachenkov, porte-parole du ministère russe de la Défense.
« Les États-Unis et leurs alliés de l’Otan mènent des exercices imprévus en mer Noire. Avec non seulement un groupe naval assez puissant, mais aussi l’aviation, dont l’aviation stratégique. C’est un sérieux défi pour nous », a déclaré, de son côté, le président russe Vladimir Poutine dans une interview à une télévision le 13 novembre 2021.
« La poursuite de l’expansion de l’OTAN vers l’est et le déploiement d’armes, qui peuvent menacer la Fédération de Russie, sont inacceptables », a estimé le ministre russe des affaires étrangères.
Près de 100.000 soldats russes stationnés à côté de la frontière avec l’Ukraine
Moscou veut que Kiev s’engage à ne pas rejoindre l’OTAN. Position soutenue par Pékin.
En octobre 2021, la Russie a déployé des soldats russes non loin des frontières avec l’Ukraine.
« Des rapports de satellite et de renseignement ont révélé que plus de 100 000 soldats sont désormais stationnés à proximité de la zone. Le matériel utilisé comprend des canons automoteurs, des chars de combat et des véhicules de combat d’infanterie », a précisé la chaîne britannique BBC.
Le Pentagone a appelé la Russie « à faire preuve de clarté sur ses intentions », dans cette région. Il a indiqué que l’activité militaire russe près de la frontière ukrainienne était « inhabituelle » en raison de de la « taille et de l’ampleur » des mouvements de troupes.
Moscou a précisé que ce déploiement militaire ne constituait pas « une menace pour l’Ukraine » et que le pays a le droit de faire « ce qu’il veut avec sa propre armée sur son propre territoire ».
« Les troupes sont sur le territoire russe, personne ne dit aux États-Unis où ils doivent stationner leurs forces sur le territoire américain. Comme l’Occident le dit , chaque pays a le droit de choisir comment protéger sa sécurité », a soutenu Elena Ananieva, de l’Institut d’Europe (RAS) basé à Moscou, citée par la BBC.
L’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, une ligne rouge, selon Moscou
Kiev n’a pas caché sa volonté de se rapprocher davantage de l’OTAN dans une perspective d’adhésion pour se « protéger » contre une éventuelle attaque russe sur son territoire.
Après l’effondrement de l’Union soviétique, fin 1989, l’OTAN a voulu établir des relations étroites avec les nations d’Europe centrale et orientale nouvellement indépendantes.
Moscou considère que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN était une ligne rouge dans la mesure où cela faciliterait le déploiement de missiles à longue portée pouvant frapper des villes russes ou cibler des systèmes de défense antimissile et d’autres infrastructures stratégiques.
« L’OTAN devrait réfléchir à deux fois à sa propre sécurité au cas où l’Ukraine deviendrait membre de l’alliance », a estimé Elena Ananieva.
Le samedi 12 février, la Russie a, selon la chaîne RT Today, engagé des exercices maritimes dans la Mer noire.
D’après l’universitaire Karine Bechet-Golovko, interviewée par RT Today, les renseignements militaires russes ont détecté l’arrivée de « groupes djihadistes » sur « la ligne de front » côté ukrainien. « On peut craindre qu’il ait des provocations qui soient mises en œuvre », a-t-elle dit.
« La diplomatie, un instrument de guerre »
Selon elle, les Etats Unis, qui entendent récupérer le territoire du Donbass, ne semblent pas prêts à mener une guerre pour le faire d’une manière frontale.
Pour rappel, l’Ukraine est en conflit avec des séparatistes prorusses dans l’Est de son territoire au Donbass (frontières avec la Russie) depuis 2014. Le conflit du Donbass, qui aurait fait plus de 13 000 morts, a éclaté après le renversement du président pro-russe Viktor Ianoukovitch, dix ans après la « Révolution orange » visant à éloigner l’Ukraine de « l’influence russe ».
« Dans la stratégie américaine, la diplomatie est devenue un instrument de guerre. Les pays européens ont un rôle sérieux à jouer car il n’est pas dans leur intérêt qu’un conflit armé éclate à leurs frontières. L’intérêt est de garder une relation pacifique avec la Russie qui ne cherche pas un conflit avec ces pays. L’intérêt des pays européens est de ne pas être instrumentalisé dans un jeu atlantiste et globaliste, mais de défendre les intérêts de l’Europe. C’est l’occasion de le montrer », a analysé Karine Bechet-Golovko.
Et si la solution venait de la Douma ( parlement) russe qui a saisi le président Poutine à l’effet de reconnaître les républiques autoproclamees de Donetsk et Lougansk. Les députés de la Douma russe ont voté un appel à Poutine sur la nécessité de reconnaître les Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, ce qui jettera les bases pour assurer les garanties de sécurité et protéger leurs habitants des menaces extérieures.
La reconnaissance des Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk par la Russie assurera les garanties de sécurité et protégera leurs habitants des menaces extérieures, a déclaré le président de la Douma d’État, Viatcheslav Volodine. C’est pourquoi les députés ont lancé ce mardi un appel officiel à Vladimir Poutine afin qu’il les reconnaisse.
Mais ce qui reste risible c’est cette date du 15 février avancée par les américains comme date d’invasion de l’Ukraine par la Russie. C’est mal connaître Vladimir Poutine qui se joue de toute cette armada de pays occidentaux. » Ce 15 février restera dans l’histoire comme « le jour où la propagande occidentale a échoué », a lâché la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, alors que les médias occidentaux, surtout américains, avaient désigné ce jour comme le début de l’invasion russe de l’Ukraine.
Au final l’armée russe a commencé la fin de ses exercices pour se retrancher dans leur base respective. Poutine reste le plus grand des présidents de ces dernières décennies.