Un plaidoyer pour la terre à la clôture du Festival international de danse contemporaine d’Alger

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Un plaidoyer pour la terre à la clôture du Festival international de danse contemporaine d'Alger
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Le 11ème Festival international de danse contemporaine d’Alger a été clôturé, lors de la soirée du lundi 13 mars, par un spectacle tunisien qui défend la cause de la nature. Un spectacle engagé. 


« Gaïa » est une nouvelle création chorégraphique de Imed Jemaa, produite par le Ballet de l’Opéra de Tunis, présentée à l’Opéra d’Alger Boualem Bessaih, pour la première fois en dehors de la Tunisie. En plusieurs tableaux, partagés entre douleur, colère et dénonciation, la situation dramatique de la planète Terre est évoquée avec insistance.
 La pollution, symbolisée par l’usage du plastique sur scène, les incendies de forêt, la destruction des arbres, représentés par une branche desséchée, sont exposés sur une scène nue, plongée dans des lumières crues.


« …Nous avons dégradé la qualité de l’air qui étouffe sous la pollution, nous asphyxions les Océans qui croulent sous les déchets plastiques », alerte une voix off. Elle évoque les usines, les immondices, les prairies vertes saccagées, la pollution de l’air…


« Force telluriques »

« Nous sommes restés sourds aux appels de la Terre. Stopperons nous enfin cette machine destructrice? T’accorderons-nous un moment de répit pour te régénérer ? Oserons-nous enfin te réhabiliter ? Te révoltes-tu ma Terre ? Génétrice des forces telluriques qui depuis l’aube des temps a sculpté notre paysage, a failli jaillir des sources… », commente la voix off.


La musique, composée par Merouane Bencheikh, est parfois tragique, souvent mélancolique. Habillés en noir, les danseurs exécutent des gestes qui portent autant le mécontentement que le dépit. Dans un tableau, ils lèvent des pancartes. « Vous mourrez de vieillesse, je n’aurai pas cette chance », est-il écrit sur l’un d’eux.


« Nous estimons que la Terre est en train de s’effondrer. Le changement climatique est un vrai danger.  On ne donne pas l’air de s’en inquiéter dans nos pays. Le spectacle invite à la réflexion et alerte pour que notre Terre soit protégée et qu’on arrête de la détruire chaque jour de nos propres mains. Nous voulons clairement exposer le problème au public et l’inviter à réagir », a déclaré Wael Merghani, danseur-répétiteur, au Ballet de l’Opéra de Tunis.


Il est favorable à l’idée que la danse contemporaine doit être porteuse de messages et d’invitations à la réflexion et à la réaction. « Nous devons travailler ensemble en tant qu’arabes et africains pour développer la danse contemporaine. Le mouvement et la danse sont nés en Afrique », a-t-il plaidé.


L’univers de Vivaldi repensé

La troupe du Spellbound Contemporary Ballet d’Italie était également présente lors de la soirée de clôture du Festival d’Alger avec un spectacle en hommage au compositeur italien Antonio Vivaldi (1678-1741), « Vivaldiana », crée par Mauro Astolfi.


« Dans ce nouveau projet, l’idée principale est de travailler sur une refonte partielle et une intégration de l’univers de Vivaldi en tant que compositeur brillant avec certains aspects de sa personnalité d’homme ordinaire, rebelle et hors des sentiers battus. A partir de cette suggestion j’ai essayé de traduire en mouvement certaines créations de Vivaldi pour raconter une fois de plus son talent, sa capacité à réinventer, en son temps, la musique baroque. De même que Vivaldi avait parfaitement conscience d’aller bien au-delà des limites de son temps, dans un monde de rationalité, il ne se souciait pas le moins du monde d’aller à contre-courant, c’est justement ce qui faisait de lui un tel génie », a expliqué Mauro Astolfi, lors de la création de Vivaldiana, en 2019.


Des extraits de plusieurs opéras et concertos de Vivaldi accompagnent les danseurs comme pour redonner une autre vie avec beaucoup d’énergie à des musiques impressionnistes et mélodiques. Les mouvements sont parfois accélérés à contre sens de l’air musical. C’est tout le défi de Mauro Astolfi d’élaborer une chorégraphie contemporaine sur une musique classique.


« Nous avons choisi des compositions autres que « Les Quatre saisons ». Il y a beaucoup d’abstractions dans notre danse. Libre aux spectateurs de faire des interprétations », a souligné Lorenzo Capozzi, danseur.
« Les Quatre saisons » sont les concertos les plus célèbres de Vivaldi, composés vers 1723.

Festival de couleurs russes à Alger

La Russie était également présente lors du festival d’Alger avec un spectacle présenté par le Théâtre de danse académique d’État de Moscou Gzhel présenté, dimanche 12 mars. Un nouveau spectacle riche en couleurs. Une cinquantaine de danseuses et de danseurs ont pris d’assaut la scène de l’Opéra d’Alger au grand plaisir du public venu nombreux.

Des artistes revenus dernièrement de Manille, aux Philippines, où ils ont assuré un spectacle, soutenus par la ville de Moscou, capitale de la Russie. Un festival de couleurs avec des costumes inspirés des cultures populaires russes. Au moins, mille costumes ont été conçus pour ce spectacle vivace, nourri de musiques traditionnelles de la Russie, le pays-continent.


Pour rappel, le 11ème Festival international de danse contemporaine d’Alger, dirigé par la chorégraphe Fatima Zohra Namous-Senouci, qui est également directrice de l’Opéra d’Alger, s’est déroulé du 9 au 13 mars 2023 avec la participation de huit pays dont l’Algérie. Le Mali était le pays invité d’honneur. 

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