La comédienne Yamina Ghassoul est née en 1935 à Frenda (Tiaret) et décédée à Paris (France) en septembre 2022.
Peut-être parce que le souvenir de cette formidable comédienne et ancienne sociétaire du Ballet national est encore vivace dans l’esprit de la grande famille d’artistes de la scène.Les générations, qu’elles soient derrière le rideau en tant que danseurs et danseuses ou comme comédiennes et comédiens ont gardé d’elle sûrement l’image d’une icône des arts du spectacle en Algérie.
Peut-être parce que ce frisson formidable qui parcourt les spectateurs ,des émotions que procurait yamina Ghassoul avec ses compagnons ,comparses et complices de la scène s’accentuait dès qu’elle mettait un pied sur un plancher de danse ou de théâtre .ses performances artistiques sont encore dans toutes les mémoires des amateurs des arts vivants …
Tant pis pour l’attente – quelques mois après sa mort, cet hommage aurait dû tout de même voir le jour les saisons dernières.
La volonté de la commissaire du festival national du théâtre féminin d’Annaba de bien faire et surtout s’engager pour donner du sens à la reconnaissance et décerner une place généreuse et noble aux témoignages de gratitude aux artistes créateurs engagés dans les projets artistiques et culturels et attachants…
Un parfum de nostalgie nous prend la main pour fertiliser la mémoire et nous plonger dans son univers féerique et artistique où elle est une symphonie d’expressions artistiques enchanteresses et un refuge pour les émotions fortes.
Un devoir de mémoire
Se souvenir de qui était Yamina Ghassoul avec une impression que nous devons faire un devoir de mémoire . Pour ne pas oublier l’artiste engagée avec ses camarades de scène de la Maison de l’art scénique où Abdelkader Alloula lui a proposé des rôles de composition importants. Elle a été distribuée dans ses grandes œuvres théâtrales mémorables telles que « El Ajouad » , »El Khobza » , « El meida », auprès de ses camarades : Brahim Hachemaoui, Himour Mohamed,Sirat Boumedienne, Belkaid…
Sa passion dévorante de la danse et du spectacle, son amour du public, son côté jusqu’au-boutiste, sa générosité ,son abnégation et son respect des artistes et des planches lui ont donné des mesures concrètes et harmonieuses dans ses gestuelles synchronisées avec les textes et le discours verbal et poétique de l’incroyable auteur de génie Abdelkader Alloula.
Des sensations fortes ponctuées de jeu dramatique mesuré et juste lui ouvrent les portes de la reconnaissance dés la fin des années 1960 . Elle a réussi à s’impliquer avec fierté dans les plus belles œuvres du TRO (Théâtre régional d’Oran) avec brio et une charge émotionnelle pour incarner des personnages qui ont attiré l’empathie du public.
Mais l’enjeu pour elle était de trouver une place parmi les différents comédiens déjà présents et bien installés dans la troupe théâtrale du TRO, dirigée par deux géants du 4e art algérien Ould Abderahman Kaki puis Abdelkader Alloula.
Une actrice charismatique
Tout sera dit, tout est là, y compris l’émotion et quelques larmes par tant de souvenirs. La précipitée (comédienne talentueuse ) et son amour de l’art et sa présence sur scène scintillante et saisissante sont présents aujourd’hui dans cet espace de commémoration le plus intense et peut être le plus silencieux de l’histoire des arts du spectacle.
Son parcours atypique peut être considéré comme une référence pour la jeune génération du monde des arts vivants. Sa métamorphose d’artiste de ballet populaire (après une formation académique en danse à l’Institut d’art dramatique et chorégraphique de Bordj el kiffan)en comédienne s’est effectuée sans ombrage et même avec une touche empreinte de succès.
En élaborant une démarche artistique et un cheminement esthétique emprunt à la volonté d’apprendre les techniques et les expressions théâtrales ,elle se révèle comme une actrice talentueuse ,charismatique et brillante .son dévouement et sa loyauté aux valeurs artistiques de la scène développera sans nul doute de la bienveillance et de l’inspiration auprès de jeunes créatrices et actrices.
En ouvrant l’album des souvenirs, nous la voyons recevant les applaudissements et une forte ovation des spectateurs .en donnant de l’élan à cette reconnaissance, elle s’applique à consolider cet attachement du public oranais puis national.
Dans ce sens, les encouragements et les motivations des artistes confirmés comme Mohamed Addar , Belmokadem, Fadéla Hachemaoui ou Mohamed Himour mais aussi du grand metteur en scène et pédagogue Abdelkader Alloula ont contribués à l’accentuation de ses connaissances et l’amplitude de ses performances dans ce domaine sensible et délicat comme une fleur de lotus.
Merci de saluer la mémoire de cette grande dame des arts vivants.
*Brahim Noual est Professeur à l’ISMAS (Institut supérieur des métiers des arts de spectacles et et de l’audiovisuel)